Dans les couloirs ...

Mini-Aranwë et mini-Khaïl avancaient doucement dans le conduit. Il fallait faire vite, Khaïl ne savait pas jusqu'à quand Aranwë pourrait rester petit... Et ce serait bête de se retrouver coincé dans le conduit.
Tous les dix mètres environ, ils passaient par-dessus une sorte de grille, qui leur permettait d'observer l'intérieur des salles. Pour la plupart, c'étaient des dortoirs, ou des salles d'entraînement. Tous les soldats qu'ils apercevaient étaient mobilisés pour les rechercher... Mais pas un ne les aurait reconnus sous leur forme de gosses.

Aranwë ouvrait la marche, quand soudain il s'arrêta net.

"Eh ! Qu'est-ce que t'as ?" chuchota mini-Khaïl lorsqu'il se prit les fesses de mini-Aranwë en pleine poire.
"Jackpot, mon gars ! Regarde ça."

Mini-Khaïl se pencha pour observer à travers la grille. Des centaines d'écrans de contrôle, tous reliés aux caméras de surveillances, tapissaient les murs de la pièce.
Malheureusement, même si la plupart des soldats étaient mobilisés, il en restait quelques-uns qui observaient avec attention chaque écran, pour essayer de retrouver la trace des fugitifs... Qui étaient au-dessus de leurs têtes.

"On va descendre. File-moi ton manteau !"
"Quoi ? Nan ! Tu vas le déchirer !"
"... Tu joues vraiment bien le rôle du gosse. Allez on se grouille, j'ai plus beaucoup de temps, je suis en train de sécher là !"

Mini-Khaïl leva un sourcil, puis haussa les épaules. Il se dépêtra de son manteau beaucoup trop grand - mais qu'il n'aurait abandonné pour rien au monde - et retira la grille, avec beaucoup de précautions.
Puis il se rendit compte qu'en fait, ils pouvaient faire du bruit, vu que les soldats qui étaient devant les écrans avaient tous d'énormes casques collés sur les oreilles, probablement pour communiquer avec les troupes de soldats et entendre les ordres.
Le seul danger venait de celui qui faisait des allées et venues devant la porte. Heureusement, il avait un rythme assez monotone. Khaïl compta les secondes, et Aranwë se mit en position. Trois, deux, un...

Mini-Aranwë sauta, accroché au manteau de mini-Khaïl, qui eut beaucoup de mal à le rattraper. Il pesait son poids, même gamin, le Lycan... Il se rattrapa sans bruit, et tira sur le manteau, qui tomba au sol. Khaïl n'avait plus qu'à attendre.


Il observa son ami se rapprocher doucement du garde, préparer sa dague... Puis, au lieu de lui bondir dessus et de l'égorger, il se planta devant lui. Khaïl manqua de s'étouffer de rire. D'ici, il n'entendait pas ce que mini-Aranwë disait, mais il avait la certitude qu'il jouait l'enfant perdu.

Le garde avait l'air confus. Il s'agenouilla à la hauteur de l'enfant, et reçut une dague en travers de la gorge, l'empêchant de crier à l'aide.

Il s'écroula. Mini-Aranwë, fier de son coup, retira la dague et l'essuya sur le militaire. Il lui prit les deux chargeurs de pistolet qu'il avait, avant de les lancer à Khaïl.

"Essaie d'en avoir un maximum. J'en vois quatre d'ici, deux au fond de la pièce, un devant une sorte d'unité de contrôle, et le dernier au centre d'un cercle d'écrans holographiques. "
"Ok. Descends, on va essayer de les avoir à revers."

Mini-Khaïl fit une moue dubitative. Descendre, descendre, il était bien mignon le petit Aranwë mais il y avait au moins 3m de hauteur. Pour un enfant de 8 ans, ce n'était pas rien... Mini-Aranwë tendit les bras, comme pour le rattraper.
Khaïl leva les yeux au ciel. Il avait sûrement déjà oublié que sa force n'était plus celle qu'il avait en étant adulte...

Qu'importe, il sauta. Il tomba sur mini-Aranwë, et tous deux s'écrasèrent au sol dans un gros "BONK" bien bruyant.

Sur le coup, Khaïl s'était retransformé, incapable de maintenir la métamorphose plus longtemps. Aranwë aussi s'était transformé par réflexe, en loup.

Enfin, plutôt en une sorte de petite boule de poils adorable, tout noir avec de grands yeux brillants. Khaïl étouffa l'éclat de rire qui lui montait entre les côtes.

"...Je comprends pourquoi toutes les filles te courent après, il suffit que tu leur fasse le coup du chiot et elles tombent comme des mouches, non ?"
"Wouf !"

C'en était trop pour Khaïl. Il roula sur le côté et fourra sa tête dans son manteau, incapable de se retenir d'exploser de rire. Aranwë se retransforma, et marmonna de sa petite voix pas contente quelque chose que Khaïl n'entendit pas.

Il reprit son sérieux, respira un grand coup, et se retransforma en enfant, histoire de pouvoir surprende les soldats au maximum. Plus le moment de rigoler, ils étaient toujours coincés dans une base du gouvernement après tout...


Khaïl arma son pistolet et activa le silencieux, tandis qu'Aranwë sortait sa dague. Chacun partit d'un côté de la grande salle ronde.

Contournant une immense machine remplie d'écrans holographiques, de boutons et de claviers en tous genres, Khaïl se retrouva juste derrière celui qui pianotait sur l'unité de contrôle. De l'autre côté, il aperçut mini-Aranwë prêt à bondir sur les deux qui surveillaient les écrans.

Il tira un coup, en pleine tête de celui qui se tenait au centre de la pièce devant ses écrans holographiques. Celui-ci s'affaissa sans bruit sur son siège. Il se glissa dans le dos du suivant, et lui tira deux balles dans la poitrine.

Il se retourna, et constata que la dague d'Aranwë avait fait des dégâts : les deux derniers soldats gisaient au sol dans une flaque de sang. Mini-Aranwë avait un petit sourire satisfait sur le visage.


Maintenant, ils n'avaient plus beaucoup de temps. Les soldats qui ne répondaient pas allaient sûrement attirer une escouade dans la salle, et ils devaient faire vite.

Aranwë se mit à scruter tous les écrans un par un, afin de retrouver la sortie, et si possible le petit Khan, tandis que Khaïl (redevenu adulte) pianotait sur l'unité de contrôle.


La porte se verrouilla avec un chuintement doux. Khaïl sourit, satisfait. Maintenant, ça allait déjà être plus dur de les atteindre. En jetant des coups d'oeil fréquents aux écrans de contrôle, il ferma absolument toutes les portes du QG, sauf celle de la sortie principale. Juste au cas où.

Il découvrit que le Gouvernement avait des sécurités jusqu'aux fondations. En cas d'urgence extrême, l'édifice pouvait s'enterrer jusqu'à former un bunker impénétrable ; il pouvait aussi se stériliser de l'intérieur.

Hm... Fonction intéressante. Khaïl lança donc la "stérilisation" d'un couloir.

"Oh bordel, c'est quoi ça ??"

La voix grave d'Aranwë indiqua qu'il avait repris sa forme normale. Sur l'écran, il venait de voir une gangue de flammes exterminer tous les soldats présents.

"Stérilisation. Va mettre mon manteau, et arrête de t'exhiber comme ça. Tu trouves quelque chose ?"
"Pas pour l'instant. Il y a des centaines et des centaines de salles, comment est-ce que je... Oh."
"Où ça ?"
"Neuvième étage. Le tout dernier, on dirait. Salle blindée, sans issue. Il faut qu'on y aille."
"Il y a toujours une issue."

Khaïl tripota encore quelques boutons, et ouvrit un passage direct entre la salle où ils étaient et la chambre du gosse. Ils improviseraient ensuite. Il blinda absolument toutes les autres entrées, de sorte à ce qu'ils se déplacent dans un couloir "étanche" de militaires. Puis, il remarqua une petite salle qui valait le détour, et l'ouvrit également.
Drôle de façon d'établir sa sécurité... Et accessible à n'importe quel amateur de technologies, surtout.

Bref. Il fallait faire vite. Khaïl récupéra une grenade sur le soldat qui gardait la porte, les autres n'avaient pas d'armes sur eux. La stérilisation de "leur" couloir était finie.

"Prêt?"
"C'est parti."

Khaïl ouvrit le sas. Une horrible odeur de corps calcinés se répandit dans la pièce. Une alarme stridente retentit. Les deux Mafieux s'élancèrent en même temps, sautèrent par-dessus les corps et commencèrent leur course dans le dédale de couloirs du Gouvernement.

Ils enjambèrent les corps rapidement afin d'accéder à la salle qui était relativement importante pour la suite... Khaïl l'ouvrit d'un rapide coup de pied, et la lumière s'alluma automatiquement. Des armes, ou plutôt, leurs armes. Aranwë récupéra ses affaires, et eu l'idée de prendre quelques mines adhésives.

Ils n'avaient pas vraiment le temps de faire un rapide tour de la salle, qui était, en elle-même, assez grande. Un étalage d'armes sophistiquées, et de pièges redoutables.

Ils sortirent en surveillant les bruits et coururent vers l’ascenseur.

"-J'espère qu'ils ne vont pas couper le courant....

-On a toujours l'issue de secours, mais ça compliquerait les choses. En plus... Ce serait une perte de temps pour eux, même les fondations ici sont doublées, ils mettraient plus de temps à nous chopper. Et s'ils le font, eh bien... J'ai ce qu'il faut."

Une musique classique venue d'une époque oubliée les accompagna jusqu'au... huitième étage.

"-Pourquoi ça ne va pas jusqu'au neuvième ??

-Sûrement parce que cette pièce est protégée et ne peut pas y être accédée facilement..."

Aranwë serra les poings et tenta de dissimuler la haine et la peur sur son visage.

L'étage où ils étaient arrivés était... vide. Le piège se sentait à des kilomètres. Aranwë et Khaïl avaient compris, et ils observaient minutieusement -mais rapidement- chaque détails.

Pas d'escalier, pas d'ascenseur... il fallait donc activer un système pour y accéder. Ils avaient vu sur la caméra de surveillance une porte. Juste une porte. au neuvième étage.

Il fallait faire vite, les soldats risquaient d'arriver d'un moment à l'autre. Khaïl passa devant Aranwë et se mit soudainement à 4 pattes. Aranwë avait donc une vue... sur la croupe... cambrée... masculine... de Khaïl.

"-Euh... Tu me fais quoi là ?..."

Khaïl s'agita un peu... Trop, pour Aranwë.

"-...Je vais m'évanouir là. Tu ne comprends pas."
"-VOILA ! Une dalle ! Une seule ! elle est plus elevée que les autres. Il faut un truc pour l'activer maintenant."
"-Et comment tu sais que c'est celle là?"
"-Réfléchis..."
Aranwë fut tenté de répondre ceci :

*Comment tu veux que je le fasse !? C'est la première fois qu'un type s'agite le c*l sous mon nez !!*

Mais se contenta de hausser les épaule, saisir Khaïl par son col, et de le lancer pile sur la dalle. Enfin, le mécanisme s'enclencha.

Toutes les dalles se réhaussèrent, et le mur du fond recula pour faire apparaître l'ascenseur qui les menerait à Khan.

Le piège désactivé, Khaïl et Aranwë gravirent une volée d'escaliers, pour arriver devant la porte du 9ème étage. La caméra n'avait pas montré de gardes dans la salle, mais mieux valait être prudent. Il saisit son revolver, et posa la main sur la poignée sans grande conviction.

Elle était ouverte, pourtant.

Tous deux se regardèrent, et le Lycan tira son épée. Khaïl poussa doucement la porte, qui donnait sur...


Une chambre presque entièrement meletonnée, avec des coussins sur les murs et de la moquette au sol. La pièce était immaculée, à l'exception d'une trainée d'un beau rouge juste devant la porte, qui avait imbibé la moquette épaisse. La chambre était ronde, aucune issue, ni aucun moyen de se cacher.

Mais ce n'était pas ça que tous deux regardaient. Même si Khaïl avait détaillé la pièce, Aranwë avait tous ses sens en ébullition. Il y avait quelqu'un ici, quelque part. Ils entrèrent sur leurs gardes. La porte se referma sur eux. Khaïl leva les yeux au ciel et soupira. C'était bien le moment de ne pas avoir la clé, tiens.

Un pan de mur coulissa. Aranwë frémit. Il connaissait cette odeur par coeur, et aurait été capable de l'identifier les yeux fermés à travers un bloc de béton.
Ishtar pointait sur lui le canon de sa gunblade.

"Hors de ma route, Aranwë."
"Tu... Tu nous as vendus au Gouvernement..."

Khaïl connaissait bien son ami. Et ce qu'il voyait ne lui plaisait vraiment, vraiment pas. Les mains crispées sur sa Gunblade, le nez retroussé et les dents sorties comme un loup, il avait un éclat de haine dans le regard. Ou peut-être de désespoir.

Avant qu'il n'ait eu le temps de réagir, il fonça sur elle à une vitesse ahurissante et lui asséna un coup destiné à la décapiter. La fée se baissa au dernier moment, et lui mit un coup de pied dans l'estomac pour le repousser. Aranwë recula d'un pas, et Khaïl sentit son cerveau se mettre à calculer.

Tous deux se tournaient autour comme deux lions (ou deux loups...) prêts à bondir. En même temps, ils brandirent leurs épées et se jetèrent l'un sur l'autre, enchaînant les coups et parant à une vitesse telle que Khaïl avait du mal à suivre. Il décida donc d'aller s'occuper de l'état de santé de Khan, tant qu'à faire.


Le lycan occupait suffisamment la fée pour qu'elle ne le remarque pas tout de suite. Khaïl se glissa derrière le berceau, et saisit le bout de chou encore endormi. Il était tout menu, emmitouflé dans une couverture blanche. Un coup de Gunblade partit, et ricocha sur le berceau.

"Khaïl ! Je t'interdis de ..."

Aranwë ne la laissa pas finir sa phrase, redoublant de violence dans ses coups. Même si la fée était une excellente combattante, elle ne faisait pas le poids face à la force du Lycan. Pour l'instant, elle essayait de le fatiguer, esquivant ses coups plutôt que de les bloquer.


Khaïl enleva la couverture de la tête du bambin. Il devait avoir pas loin d'un an, un visage fin comme celui d'Ishtar et un menton boudeur. Pas comme Ishtar, d'ailleurs. Son coeur rata un battement. Parmi ses cheveux mauves en bataille, se distinguaient clairement quelques mèches blanches.

Il respira un grand coup. Des coups de feu retentirent encore, et il serra le gamin contre lui pour le protéger. C'est à ce moment qu'il choisit de se réveiller. Il ouvrit de grands yeux d'un bleu métallique, et décida de tirer sur une des mèches rouges de Khaïl en rigolant.


Ce fut la faiblesse d'Ishtar. La voix de son fils lui fit jeter un coup d'oeil vers le berceau, et Aranwë en profita pour frapper son poignet du pommeau de son épée. La gunblade de la fée d'envola pour se planter dans le sol quelques mètres plus loin.

Il posa doucement la pointe de son épée sur le cou de la fée, désarmée. Khaïl sortit la tête avec précaution, juste à temps.

"Aranwë, arrête."
"Elle nous a trahis. Elle nous a vendus au Gouvernement."
"Ils tenaient mon fils. Je ne pouvais..."
"Garde tes excuses. Depuis le temps qu'on... que je te connais, je l'aurais su si tu avais un fils. Du moins, j'aurais espéré l'avoir su."
"Aranwë, s'il te plaît."
"Tu vas mourir, Ishtar. Pour avoir trahi ma confiance, pour avoir bafoué tes principes, pour..."
"Wouf !"


Aranwë s'arrêta net en plein milieu de sa phrase. Il cligna des yeux, respira un coup. Lentement, très lentement, il tourna la tête vers Khaïl qui tenait dans ses bras le petit. Qui était maintenant un petite boule de poils toute noire, avec des yeux bleus. Et qui tirait la langue. Et qui aboyait.

Le lycan lâcha son épée, sans même regarder Ishtar. Khaïl soupira de soulagement. Il s'en était fallu de peu avant qu'il ne comprenne... Il se retourna vers la fée, toute velleité effacée.

"Tu..."
"J'avais peur. Je ne voulais pas te perdre. Et je ne voulais surtout pas perdre la seule chose qu'il aurait pu me rester de toi."

Aranwë ne savait pas quoi faire. Son regard passait de Khan à Ishtar, on aurait dit qu'il luttait contre lui-même à l'intérieur.

Il s'assit par terre, la tête dans les mains. Khaïl s'accroupit, et déposa le petit loup. Celui-ci, curieux, s'approcha d'Aranwë et renifla sa botte.

Impossible. C'était tout simplement impossible. Mais l'évidence était là, à lui renifler sa botte crasseuse. Les yeux bleus du petit loup tentait de lire l'expression stupéfaite qu'on lui jetait. Amusé, il aboya joyeusement, en remuant la queue.

Aranwë le détailla. En louveteau, il avait déjà des muscles, les yeux bleus... un beau mélange d'Ishtar et... de lui même. Cela ne pouvait pas être vrai. Impossible.

"-Je voulais te le dire... Je te le jure. Mais je ne savais pas... Je n'osais pas."

Il ne parvint même pas à la regarder. Ses yeux étaient fixés sur cette boule de poil qui maintenant était lové contre lui.

Il posa sa main tremblante sur la tête du petit. Et c'est à ce moment là qu'il se re transforma en bébé humain. Et le choc ne fut que plus terrible.

Il était si mignon, son fils ! Un mélange subtil de la fée et du lycan. Il avait les cheveux déjà mi-longs, et on pouvait voir les mèches blanches d'Aranwë parmis les cheveux mauves de sa mère. Mais son regard... C'était typiquement celui d'Aranwë. Il avait donc hérité, sûrement, de son autre pouvoir. En plus d'avoir eu les gênes des lycans.

Khan lui fit un sourire, un de ces sourires que seuls les enfants ont pour leurs parents. Aranwë, lui, se contenta, au prix d'un effort terrible, de refouler ses larmes. Il était maintenant papa.

Et là, il comprit. Il comprit pourquoi Ishtar s'était éloignée depuis plus d'un an. Pourquoi elle était allée vivre loin de lui. Qu'elle s'était isolée. Il avait été tellement pris par son statut qu'il n'avait même pas pensé à elle.

Il pris son fils dans ses bras et se releva enfin. Ishtar, elle aussi s'était relevée. Elle s'approcha doucement d'eux. Posa une main sur le bras d'Aranwë et caressa la tête de son enfant.

"-Il est aussi têtu que toi..." dit-elle dans un sourire. Elle pleurait presque. De joie, de soulagement.

Khaïl restait planté là, toujours aussi choqué par cette réunion de famille inattendue. QUI aurait cru qu'Aranwë pouvait être père ?

Toutes leurs pensées furent interrompues par les cris des gardes. Ils ne pouvaient plus tarder. Aranwë donna Khan, au prix d'un effort, à Ishtar, et lui somma de le protéger. Inutile, en soi, mais maintenant, un autre but naquit en lui : sauver son fils, coûte que coûte.

Il saisit sa gunblade et Khail s'arma.

"-Attendez ! On peut sortir par le toit ! Il est moins résistant, ici, puisque la pièce n'est pas connue sur les plans.

-J'ai une mine adhésive.. Eloigne-toi, et toi Khaïl, sécurise l'entrée."

Les gardes arrivèrent en petit nombre. Khaïl tira en prenant soin de viser la tête. Facile. Aranwë eu le temps de jeter la mine adhésive au plafond. Il sortit rapidement de la pièce et vint abriter sous son bras Ishtar et Khan. La détonation ne fut pas si bruyante, et ils purent s'engouffrer rapidement avant qu'une autre vague de gardes arrivent. Ishtar donna a Aranwë Khan, puis souleva Khaïl pour le déposer sur le toit. Puis Khan fut retrouvé dans les bras de Khaïl (futur Tonton Khaïl), et c'est Aranwë qui fut hissé en dernier.

Maintenant, il fallait descendre.

Ishtar avait baissé les yeux quand elle vit le regard de Lay lui transpercer l'esprit. Elle se sentait coupable de les avoir trahis, mais savait qu'ils la comprendraient. Tenant toujours son fils dans les bras, elle attendit qu'Aranwë et Khail montent pour voler dans l'hélico.

Une fois tous à l'intérieur, Explosaur et Knut se retournèrent rapidement pour voir l'ampleur des dégâts qu'avaient subis leurs amis. Khaïl semblait tenir le coup, quelques égratignures seulement, Aranwë semblait... plus troublé. Et Ishtar, qui n'avait d'yeux que pour son fils, ne faisait aucun compte avec les autres.

Il décolla rapidement, pour ne pas se faire avoir par les ennemis. Le trajet commença en silence, accompagné du gazouillis de l'enfant.

"-Je suis désolée. Je suis vraiment désolée. Ils avaient mon enfant. Je ne pouvais pas... Je n'ai que lui." Elle jeta un coup d'oeil à Aranwë, qui dépité, regarda par la fenêtre. "Je pensais que je n'avais que lui... Mais maintenant... Pardonnez-moi. Je m'en veux..."

Lay soupira et lui dit :

"-Je te comprends. Je ne t'en veux.. presque pas. Tu as eu raison, et j'aurais sans doute fait pareil. Mais il faudra que tu nous explique ce qui s'est passé concrètement. Comment les gouvernementaux ont su que tu avais un enfant."

L'elfe regarda maintenant le petit qui était assis sur les genoux de sa mère. Khan jouait avec Khaïl, en rigolant de plus belle. Cette petite voix réchauffa les coeurs des occupants de l'hélico.

Mais quand cette petite voix aboya, l'ambiance fut radicalement changée.

Les yeux de Lay s'écarquillèrent, Explo et Knut se regardèrent avant de tourner la tête vers Khan, Khaïl ricana, Ishtar sourit. Aranwë, lui, fit comprendre à Ishtar en se raclant bruyamment la gorge, qu'elle devait maintenant dire toute la vérité.

"-Aranwë est le père de Khan... C'est par peur que je ne lui ai rien dit, je connais ses ennemis, et je ne savais même pas si il était près à tenir ce rôle... Vous le connaissez autant que moi.. Khan ne contrôle pas encore ses transformations, c'est assez compliqué pour l'instant. Dit-elle quand son fils commença a sauter sur les genoux de Lay, en se faufilant entre les jambes d'Aranwë et de Khaïl. Si j'avais su ce qui allait se passer..."

Des larmes coulèrent sur sa joue. Elle regarda Lay, lui faisant comprendre à quel point elle était désolée. Aranwë se leva, pris son fils qui avait reprit son apparence normale, et la pris dans ses bras.

"-Où allons-nous maintenant ?"

Le téléphone de Khaïl se mit à sonner. Il décrocha, et la voix du Chef de Mu s'éleva dans la cabine :

"Je croyais que tu devais aller voir tous les Chefs des Mafias, Khaïl."
"Nous avons eu des contretemps. Nous sommes en route pour Citadinel."
"Je ne crois pas."

Avant qu'ils aient pu répondre, une vidéo se lança, connectée au journal d'informations du soir. Le visage d'Undomiel, plus pâle que d'habitude, et rongé par des cernes, était affiché en grand.
Le titre annonçait : "Le Boss de la Mafia de Citadinel sous les verrous !"