Maison d'Ishtar

Grâce au jet d'Aranwë, la troupe fut à la lisière de la forêt d'Ambre en une demi-heure à peine. Le Lycan descendit le premier, humant l'air frais. La pluie venait de cesser, et le sol était boueux et la forêt dégageait des centaines d'odeurs plus étranges les unes que les autres.
Knut, Lay, Explo puis Khaïl descendirent à sa suite. Aranwë fit signe au pilote de les attendre, puis ouvrit la marche dans la forêt. Il avait rabattu sa capuche, remonté ses gants et rentré son pantalon dans ses bottes. Au moins, sa tenue était à peu près étanche maintenant.

Ils marchèrent pendant quelques minutes sur le sentier boueux plein de rochers. Puis, au détour d'un chêne millénaire, un bruit se fit entendre tout près. Un genre de musique... qui explosa d'un coup, assourdissant, faisant s'envoler un paquet d'oiseaux de l'arbre.

Aranwë jura avec abondance lorsque l'un d'eux lui crotta dessus, et marcha d'un pas décidé vers une maison qu'ils n'avaient pas aperçue, cachée par les feuilles d'un énorme arbre très bas.

Il se planta devant, et battit trois fois son poing contre la porte :

"ISHTAR ! ARRETE CE BOUCAN !"
"Mais qu'est-ce que c'est?" fit Knut, les mains sur ses oreilles devant la violence de la musique.
"Ishtar a des goûts très... particuliers."
"Je t'entends, sale roux."

Khaïl sourit, et se retourna. Ishtar voletait juste derrière lui, laissant Aranwë tambouriner sur la porte.
Knut la détailla. Fine, svelte, elle avait des cheveux rose qui flottaient derrière elle lorsqu'elle volait. Une fée. Une gunblade, semblable à celle qu'Aranwë possédait, pendait à sa ceinture. Le Lycan se retourna.

"Ah, te voilà. Tu veux pas éteindre ton truc, qu'on s'entende?"
"C'est vrai que les toutous, ça a l'ouïe fine..." fit-elle d'un air défiant.

Elle sortit une télécommande de sa poche, et la musique s'arrêta tout de suite.

"C'est mieux, mon chou?"

Aranwë soupira, et expliqua à la jolie fée ce qui les amenait ici. Elle sembla dubitative devant l'histoire du Lycan, surtout lorsqu'il lui raconta le combat héroïque qui les avait opposés à une centaine de soldats d'élite du gouvernement, qui les encerclaient dans la taverne !
Heureusement, Lay' prit le relais et Aranwë bouda un instant. Lorsqu'ils eurent fini, la fée descendit un peu et voleta à la hauteur du lycan, le détaillant avec attention.

"Entrez."

La porte s'ouvrit à la volée, et le petit groupe entra. A peine avaient-ils fait un pas à l'intérieur qu'une voix résonna partout :

"SORTEZ DE LA MAISON, ET RENDEZ VOUS. VOUS ETES ENCLERCLES PAR NOS TROUPES. N'OPPOSEZ PAS DE RESISTANCE."

Aranwë sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il regarda longuement Ishtar, qui détourna la tête, les mâchoires serrées. Qu'est-ce qu'ils pouvaient bien lui avoir offert - ou pris? - pour qu'elle accepte un tel arrangement ?

Lay sortit la première, les mains sur la tête. Des centaines de miliciens les attendaient. Knut ensuite, puis Aranwë. Explosaur se retenait de ne pas mettre en danger la vie de tous en commençant un carnage dans les rangs ennemis. A l'instant où Khaïl allait sortir, Ishtar lança :

"Ils ont Khan."

Khaïl se promit d'en parler à Aranwë, une fois qu'ils seraient sortis de ce pétrin. Il rejoint ses camarades, mains sur la tête, devant la maison. Il attendait un quelconque signal. Quelqu'un devait bien avoir un plan...

Askulrin était magique surtout à cette période de l’année. Le seul réel inconvénient, c’était la gadoue qu’il y avait partout. Il n’y avait pas une seule brise, ce qui était un phénomène assez rare surtout dans cette contrée plutôt sous le vent. La musique d’Ishtar était toujours particulière. Elle l’écoutait toujours très fort, et cela avait le don d’éloigner n’importe laquelle des bêtes sauvages de chez elle.

Laythila était ravie de revoir Ish' mais là... ils n'étaient plus les bienvenus chez elle visiblement. En tout les cas, ils étaient devenus la promesse d’échange contre quelque chose, ou quelqu'un. Etait ce un petit ami ? Un membre de sa famille? une appétissante somme d'argent? La fée semblait décidée, mais aussi elle était un peu contrariée. L’elfe se sentit trahie. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres. Elle sentait une certaine colère monter en elle.

*Comment a-t-elle pu ?! … Aujourd’hui ce n’est pas notre jour…*

Laythila avait ses mains sur la tête et était sortie la première. Derrière elle, les autres avançaient. Son sourire était toujours là. Elle regardait droit dans les yeux le chef des opérations. C’était un homme d’une trentaine d’année. A voir son regard et sa posture, et son charisme c’était quelqu’un d’expérience. Il croisa le regard de l’elfe. Elle lui montra un sourire blanc, comme dans les publicité pour les dentifrices.

*Pourquoi ce sourire ?*

« Vous êtes chiant ! »

Il y eut un silence.

« Désolée, ce n’est pas que votre compagnie nous importune, mais quand même, se retrouver face à ses mortels ennemis deux fois en une journée, ça fait beaucoup je trouve. »

« Tais-toi ! »

Laythila continua sans écouter le commandant, elle gagnait du temps pour échafauder son plan. Elle analysait en même temps la composition de l’air. Il était trop humide pour des explosions de diversion. Un écran de fumée ?

« Je ne te félicite pas Ishtar… »

Le ton de Lay était sec. Les nuages semblaient descendre du ciel. La fée s’était détournée carrément d’eux. Ils étaient tous en joue, il suffisait de bouger ne serait ce d’un poil, et les soldats pouvaient faire feu.

« Maintenant on sait plus ou moins qui est derrière tout ça, j’espère que tu as une bonne excuse. »

Tous sentait que l’elfe, toujours calme et posée, souriante, était loin de son tempérament habituel. Elle poussa un soupir furieux. L’air devint froid. Un vent glacé se mit à souffler doucement, puis s’intensifia. Les nuages étaient de plus en plus bas. Le brouillard s’installait visiblement. Ishtar se retourna, elle était à moitié horrifiée. Si le coup de filet échouait son précieux Khan risquait de disparaître à jamais. Des cristaux se formèrent dans l’air. L’humidité s’était infiltrée peu à peu dans les armes dont les canons étaient toujours pointés vers les mafieux. Ishtar vola à toute vitesse vers le commandant. Elle lui murmura quelque chose.

« Feu ! »

Knut revit sa vie passer devant lui. Explo avait blêmit. Khaïl ne comprenait pas, Lay devait bien faire un truc ?! Non ?! Aranwë avait gardé son sang froid, il était sûr que l'elfe avait eut encore un plan farfelu...

« Clic… »

Rien ne se produisit. Les armes étaient hors service. Le soldat le plus proche de Laythila et le commandant se retrouvèrent en caleçon...
Le brouillard tomba d’un coup. Lay se retourna vers ses compagnons.

« Il faut trouver une échappatoire ! »

Knut se mit à murmurer sans attendre quelques paroles en elfique. Le sol trembla doucement sous leur pied. Il continua à incanter.

Pendant ce temps la fée observait le brouillard, confiante. Un nuage de grands corbeaux arrivait. Ils fondirent sur eux. Lay les détourna de leur trajectoire en changeant à la dernière minute le courant d'air qu'elle fit ascendant. Ils revinrent à la charge à nouveau. L'elfe était concentrée à maintenir le brouillard épais, l'air dense, et froid, pour que les armes restes enrayées et essayait de maintenir les oiseaux loin d'eux.
Ishtar sourit, ils ne tiendraient pas très longtemps.
Les soldats du gouvernement s'écartèrent. Le tremblement s'intensifiait. il venait vers eux. Lay leur lança un regard inquiet. Khaïl sortit sa massue. Une horde d'acromentula déboulait.

*C'est la fête dis donc!*

Explo vint en aide au jeune humain. Il pouvait aller tuer quelques soldats, mais vu la situation il valait mieux essayer de fuir pour une fois. Leur nombre était important. De plus si des animaux et autres créatures magiques devaient s'y ajouter il valait mieux pour eux de se résigner à frapper de la bestiole, même si ce n'était pas son dada. Lay et Knut s'étaient mis dos à dos. Aranwë, Khaïl, et Explo les entourait pour les couvrir.
Enfin les racines sortirent de terre. Elles s'enroulèrent à la jambe de chacun des mafieux.
Ishtar perçu un mouvement autre que celles de ses créatures dans le brouillard. Elle vola dans leur direction accompagnée d'un groupe de soldats. Ces derniers dégoupillèrent et balancèrent leur grenades au hasard dans le brouillard.
A la vue des grenades, les racines écartèrent brusquement les mafieux et rentrèrent sous-terre. Malheureusement, celle qui tenait Aranwë explosa avant même qu'il pu gagner le sous sol de Askulrin, pareil pour Khaïl.

Le représentant de Mû et le chef de Stoona roulèrent plus loin, sans une égratignure au pied de Ishtar. Le brouillard était levé. Ils se retrouvaient tous deux en joue, et les armes fonctionnaient. Les animaux et insectes étaient partis. Il n'y avait plus de traces de Lay, Knut et Explo. Eux, étaient à quelques mètres sous terre dans une galerie creusée par des taupes géantes...

Explo, Knut, Laythila

Dans les sous sol de Askulrin

Aranwë, Khaïl

Base de Gouvernement

[je prends donc la main]

Devil's gate

Pour simplifier les choses, d'un commun accord ils avaient décidés de se planquer plus au niveau de la tour des roches que du côté du village. Dans ce coin plutôt isolé qu'ils utiliseraient comme base pareillement que certains de leur collègues, ils pourraient facilement fouiller le coin pour trouver ce que désignait la fameuse croix rouge.
En rentrant à la caserne après avoir quitté les sous-sols, ils ne s'attardèrent pas pour aller trouver le Colonel qui était responsable de leur équipe en permission. La jeune Capitaine qu'était l'elfe de Dordonellion alla s'entretenir avec lui, et après d'âpres négociations, ils avaient eu une autorisation officielle de s'absenter de la caserne d'Endanbane. Le nouveau grade de Felian était sacrément passe partout.
Ils avaient quittés Endanbane prétextant un raid touristique vers les autres îles "intéressantes" de Stoona. Ils n'avaient pas révélés leur futur itinéraire, mais avait récupéré un véhicule banalisé des forces gouvernementales. Ils étaient arrivés à la la tour de pierre qui semblait résister au temps du mieux qu'elle pouvait. Ils garèrent le véhicule dans lequel ils étaient et sortirent les provisions qu'ils avaient fait en passant par le village. Depuis la route ils n'avaient pu repérer ce qu'aurait pu être la croix rouge. Il n'y avait pas d'auberges, ni de tables d'hôtes extérieures à la bourgade.
Ils traversèrent le pont suspendu de pierre et entrèrent dans la tour. Ils s'installèrent après avoir trouver un réseau électrique de premier choix qui avait été installé. Visiblement, la forteresse était fréquemment occupée. Felian par curiosité sortit son portable de sa poche. Il n'y avait pas une once de réseau. Elle observa les sourcils froncés ses coéquipiers. Ils firent la même expérience. L'elfe sans demander son reste monta jusqu'en haut. Après avoir gravit plusieurs étages, Buckie et Osmo sur ses talons, elle passa une trappe dans le plafond, et se retrouva dehors sur une immense plateforme délimité par des créneaux. Là, on pouvait capter du réseau, mais pas grand chose. Ils virent quelques antennes et paraboles. C'étaient tous des dispositifs de l'armé. En cas de pépins, ils pourraient sans problème les utiliser.
Les trois compagnons regardèrent le magnifique spectacle du soleil couchant sur la forêt et le village au loin. Ils scrutèrent l'horizon dans les dernières lueurs du jour, mais rien ne montrait explicitement ce que pouvait être la croix rouge. Satisfait de leur voyage, ils rentrèrent se reposer. Osmo leur avait expliquer qu'à Askulrin, il valait mieux rester dans un endroit sécurisé la nuit, "on ne sait jamais", c'était une des îles les plus surprenantes de Stoona en matière de faune.

Au lever du jour, Felian, nerveuse était déjà levée. Elle s'était postée tout en haut de la tour, appuyée contre un créneau. Elle espérait de sa vue perçante, voir quelque chose, un indice, n'importe quoi!
Les bras croisés, ses yeux quadrillaient méthodiquement la zone. Buckie ne tarda pas à la rejoindre. Elles échangèrent des bonjours chaleureux.

-Alors?

-Rien... pas le moindre indice.

Osmo rappliqua sans tarder. Il devina la présence des deux filles sur le toit et se ramena avec une carte détaillée de la région, qu'il avait subtilement "emprunté" à un de ses "camarades" de dortoir. Il arriva donc sur la plate forme et déplia sa carte au sol. Buckie sortit de sa poche le plan griffonné et ils se mirent à réfléchir ensemble sur la méthode à employer. au bout d'un petit moment après avoir émis plusieurs hypothèses ils avaient quadrillé méthodiquement la zone.

-Bon. Avant de commencer cette longue journée de recherche, mangeons!

Le sergent Kazam avait l'estomac dans les talons, et pas que lui visiblement, il entendit le ventre de Buckie émettre un grognement sourd. Ils échangèrent un sourire chargé d'affection. Felian ouvrait la marche devant et ne s'en souciait guère. Ils descendirent, les cartes sous le coude et prirent leur petit déjeuner. Après cette copieuse pause, ils sortirent de la tour et commencèrent à fouiller les environs proches de la tour. Comme prévu, il n'y avait rien. Ils s'éloignèrent plus au Nord ouest vers le village et continuèrent leur quête à pied et cartes en main. Felian se prit à sourire, elle avait l'impression de faire une chasse au trésor.
Il était midi qu'ils n'avaient rien trouvés. Ils barraient méthodiquement les zones explorées sur la carte d'Osmo. Le capitaine émis un soupir qui sonnait presque comme un découragement.

-Où est ce qu'un mafieux pourrait se trouver dans cette forêt? Partout! N'est ce pas?! dit elle ironiquement.

-Ne t'en fais pas Felian on le débusquer. Il y a bien un truc qui pourrait le trahir.

-Il n'y a pas âme qui vive. Peut être devrions demander notre chemin dans le hameau pas loin.

-Tu voudrais retourner à la tour prendre la jeep et demander notre route aux villageois? Avec toute la mise en scène dont on a eu droit à Endanbane, ce Wally risque difficilement de se montrer, surtout si il a un sacré réseau et qu'il comprend qu'on le cherche.

-Au village j'avais demandé s'il y avait des ermites dans ces bois. L'épicier m'a fait comprendre que non, par rapport à la faune et que pour survivre il valait mieux être en groupe que d'avaoir sa maison isolé en pleine nature.

Ils haussèrent les épaules et dévorèrent leur casse-croûte. Ils se remirent en marche après leur pause. Ils avançaient par instinct. Felian en avait sa claque de cette partie de cache-cache. Elle était pourtant la première à vouloir absolument se jeter dedans, et là, elle trouvait ça lassant. Elle ne faisait plus vraiment attention aux chemins qu'elle prenait, par hasard. Au détour de quelques sentiers mal entretenus et boueux Felian vit se dresser derrière un arbre bas et très gros, près d'un chêne millénaire, une maison. Elle était petite comme un cottage. Elle échangea un regard brillant avec ses compagnons et un sourire plus que satisfait. Une fumée de couleur étrange sortait de la cheminée.

-Je pense...

-Ouais! on l'a trouvé notre bougre.

Les trois soldats du gouvernement avaient pensé à tout, sauf à comment aborder ce Wally, si c'était bien Wally qui habitait cet endroit. La maison était à moins de dix mètres, il fallait établir un plan, et vite. Ils s'écartèrent et se planquèrent derrière le gros arbres échangeant vite quelques messes basses.

Quelque part au-dessus de Stoona

*J'en lui donnerai moi, de la vue.* râlais-je.

J'atterris bien dans une petite plaine dégagée. Tout de suite, je repliai et rangeai mon parachute. Je cachai mon sac, maintenant trop lourd pour être transporté à travers la forêt. Le GPS allumé, il me suffit de suivre le chemin indiqué pour trouver la maison d'Ishtar.
Sur le paliers, je pus entendre des bruits de pas courant derrières la porte. Mais avant même d'avoir pu la toquer, la porte s'ouvrit.

"Je me disais bien que quelqu'un arrivait. Vas-y, entre."

Ishtar, avec le petit Khan dans les bras, m'accueillirent avec générosité. Elle m'offrit une tasse de thé délicieuse. Le petit ne savait pas encore marcher mais gesticulait et marchait à quatre pattes. Une véritable boule de vitalité. Rien ne semblait pouvoir l'arrêter.

"Il arrive à renifler la venue d'une personne qu'il a rencontré. Ce doit venir de son père, ce côté."

Je la regarda d'un air interloqué. Elle avait deviné juste sur mon interrogation.

"J'ai un message de la part d'Aranwë. Il me dit qu'il ne viendra pas aujourd'hui. Et que vous pourrez l'appeler sur son portable."

"Est-ce vraiment mot pour mot son message. Parce que la formulation et les mots ont une importance clé dans la communication. Donc réfléchis bien!"

Je déglutis. Elle me donnait la chair de poule, une sensation de danger imminent. Il fallait absolument retrouver le message au risque d'y perdre un doigt, voire pire...
Il avait utiliser le verbe "rentrer", si je me souviens bien. Ah!, et le terme qu'il avait utilisé pour son portable. Quel était-ce? Vite! Vite! Vite!

"Mots pour mots: 'je ne rentrerai pas ce soir, mais que ma cellulite reste allumée si elle a besoin de me joindre'. Du moins, si mes souvenirs sont bons."

Elle se mit à rire. Je me sentis mal à l'aise. Pourquoi riait-elle? Qu'avais-je dis de si drôle?

"C'est 'cellulaire'. Pas 'cellulite'. Tu chercheras par toi-même ce qu'est la cellulite. Mais merci pour le message. Je ne devrais pas rigoler alors qu'Aranwë est traqué."

"Il est traqué!? Comment pouvez-vous le savoir?"

"C'est toi qui viens de me le dire. Et tutoie-moi. Ça me fait vieille peau, sinon."

La maison était droit devant. Y'avait plus qu'à. Je me tournai vers les filles et farfouillai dans mon sac.

"Bon. On va mettre nos super lunettes anti-mafieux, leur gadget pourrait nous servir pour une fois. Ils sont peut-être plusieurs, et sûrement armés. Donc on y va doucement, on les élimine si besoin, mais pas de morts."

J'avais parlé comme d'habitude, à l'approche d'un coup décisif dans une mission. Felian se racla la gorge, et je me souvins soudain. Elle était capitaine maintenant, j'avais oublié qu'elle était plus gradée que moi... Heureusement, elle hocha la tête avec un clin d'oeil. Et dire que n'importe quel autre capitaine que je connaissais se serait empressé de me remettre à ma place, parfois avec un avertissement... C'était cool d'avoir des potes gradés !

Enfin bref. C'était le moment d'agir.

Je me glissai derrière un arbre trois fois plus gros que moi, en essayant de faire le moins de bruit possible avec mes grosses rangers. Les filles me suivaient de près. Aucun bruit autre que nos branches brisées ne résonnait dans l'épaisse forêt... Il fallait une diversion. Heureusement, j'avais toujours sur moi la diversion idéale.

Je me rapprochai de la maison, de façon à pouvoir observer l'une des fenêtres. Evidemment, je ne voyais personne, mais j'avais repéré exactement ce dont j'avais besoin.

Une énorme chaîne hi-fi dernière génération posée sur un meuble. Je sortis de mon sac une petite télécommande universelle. Vive la technologie, je vous dis. Felian haussa un sourcil, tandis que Buckie sourit. J'appuyai sur le bouton "play" en direction de la maison, et attendis la réponse de la chaîne hi-fi.

Réponse qui se fit entendre bien assez tôt. J'eus l'impression que mes oreilles allaient exploser : du silence absolu de la forêt, on passa soudain à l'ambiance d'une scène d'un concert de métal, à trois mètres des enceintes. La maison entière tremblait, et les fenêtres semablaient sur le point de craquer. Réprimant un fou rire, je fis signe au filles que c'était le moment d'intervenir.

On courut vers la maison, et j'ouvrit la porte d'un coup de pied. La musique s'éteint au même moment, et nous pénétrâmes dans la demeure.

Aussitôt, nos lunettes se focalisèrent sur la jeune femme qui avait éteint la musique, une lueur farouche dans le regard. Un homme était assis sur le canapé, dos à nous. Pendant une seconde, le seul bruit qu'on entendit était le rire d'un bébé, puis la jeune femme passa à l'attaque. Ishtar Elendil selon nos lunettes, qui soudain s'avérèrent bien pratiques. Elles avaient ciblé la fée, et la suivaient dans les moindres de ses mouvements.

On la vit donc arriver sur nous à toute vitesse, passer par-dessus le canapé où était installé l'homme - qui s'était retourné, sans faire sonner les lunettes - pour envoyer son pied en direction de mon visage. D'un mouvement souple, je reculai, et commençai à la combattre tandis que les filles s'avançaient dans la maison.

La fée avait du caractère et de la technique : on sentait qu'elle s'était déjà entraîné avec quelqu'un de ma corpulence car ses coups étaient précis et solides. En revanche, son adversaire habituel devait être légèrement plus lent que moi, parce que j'évitais ses coups de justesse pour la plupart. Evidemment, elle mettait tous les atouts nécessaires de son côté. Elle n'hésita pas à s'envoler pour se placer hors de ma portée, et je dégainai mon pistolet tandis qu'elle fit apparaître une Gunblade. Une GUNBLADE ?! C'était extrêmement rare... Et surtout extrêmement dangereux !! Là, j'étais mal. Elle était en hauteur par rapport à moi, je n'avais pas le temps de dégainer mon couteau et quand bien même j'aurais pu le faire, elle aurait cassé la lame en un rien de temps. Face à une épée, j'étais complètement désarmé. A moins que...

"STOP ! Lache ton arme, et personne ne sera blessé."

Felian tenait dans ses bras un petit bout de chou. Enfin, tenait à bout de bras serait plus exact. A vrai dire, le gosse avait ses petites dents plantées dans le gantelet en cuir de Felian, et lui bavait dessus en tentant de lui ARRACHER LE BRAS. Oui. Un gosse de même pas 2 ans qui veut arracher les bras des gens. Mais bien sûr.

Ishtar ne tourna même pas la tête. Son regard me transperça de part en part lorsque je lus la douleur et la colère sourde qui s'y trouvaient. Elle lâcha la Gunblade, et se posa au sol, sans me quitter des yeux. Soudain, je réalisai un truc. Ca puait le lycan dans cette maison. Pourtant, le gars assis sur le fauteuil n'en était pas un. C'était un elfe, d'ailleurs. Un petit elfe dont la tête m'était vaguement familière. L'odeur aussi me disait quelque chose d'ailleurs... Mais c'était quoi ce bordel ? Un elfe qui sent le loup ? Un gamin loup ? Une fée repérée par les services secrets du Gouvernement ?

Tout à coup je comprenais plus rien. Ou au contraire, beaucoup trop de choses d'un coup. La fée me tendis ses poignets. J'y passai des menottes en plastique souple, totalement inattaquables. Felian semblait perturbée, et Buckie tenait en joue l'elfe qui avait sorti une... flûte ? Tout ça était trop bizarre. Je me tournai vers Felian pour qu'elle prenne la suite. Là, tout de suite, j'étais complètement hors service...

[Cette capture me semble un peu trop simple et si je compliquais les choses ^^ libre aux modos et admins de virer le post si ils trouvent que ça bloque le RP]

Tout c’était passé très vite pour le sergent Soilir, sa cible était l’elfe assis dans le canapé mais l’attention de Buckie avait été détournée par Felian pendant un quart de seconde. Tandis que Buckie essayait de jauger le niveau de danger de la situation d’Osmo, Knut en avait profité pour sortir sa flûte. Lorsqu’elle se rendit compte de son erreur le sergent explosa intérieurement: Bécasse ! Incapable ! Stupide ! Gourde !....

Ne t’avises pas de…
avait elle commencé à mettre en garde le musicien mais il n’en avait pas tenu compte et avait commencé à jouer. Dès les premières notes l’ambiance qui régnait dans la pièce avait changé, les émotions de chacun semblaient comme … exacerbées.

Felian tenait toujours le bestial bébé (ou l’inverse ?) mais elle fixait maintenant du regard Knut avec un air... amoureux ?!!! Tandis qu' Ishtar était menottée avec un air abattu en regardant ce qui -vraisemblablement- était son enfant aux mains de l’ennemie. Sans s’en rendre vraiment compte Osmo et Buckie avaient totalement abandonné leur cible et s’étaient rapprochés l’un de l’autre pour se lancer dans un looooooooong baiser.

Knut avait réussit à neutraliser les vilains agents du gouvernement. Enfin c’est ce qu’il pensait quand il se dirigeait vers Ishtar pour la libérer mais c’était sans compter sur Felian ! Cette dernière s’était plantée devant lui avec un air boudeur.

On se connaît ! Oui… vous pensiez pouvoir m’échapper jeune homme ?

Un sourire malicieux se dessina sur le visage de Felian lorsqu’elle posa le bébé au sol et se lança à la poursuite de Knut qui avait pris ses jambes à son coup en comprenant ce que sa mélodie avait déclenché chez la fée.

L'elfe avait sorti une flûte. Tandis que je regardais vers Felian sans réagir, Buckie avait lancé :

"Ne t’avises pas de… "

Mais il était déjà trop tard. L'elfe avait commencé à jouer un air... Etrange. Et puis tout à coup, je fus dans un état de confusion total. J'avais l'impression que des souvenirs hurlaient dans ma tête sans pour autant que j'arrive à les saisir. L'odeur de loup-garou dans la maison me fit hérisser les poils sur le dos, et j'avais envie de... D'étriper l'enfant qui s'accrochait à Felian, juste pour le plaisir d'observer les larmes de sa mère emprisonnée.

Et puis il y eut Buckie.

Nos regards se croisèrent, et le reste s'effaça. Il ne resta que ses grands yeux émeraude devant moi. Je me rapprochai d'elle, bondis par-dessus le canapé ou était niché l'elfe et la saisis par la taille. Elle passa ses mains autour de mon cou, et ses lèvres touchèrent les miennes.

Je la serrai plus fort contre moi, je la soulevai et elle passa une jambe autour de moi, appuyée contre le mur. Je voulais cette fille, mon corps la désirait plus que tout.
De loin, j'entendis Felian dire un truc à l'elfe, et puis un bruit de cavalcade. Mais j'oubliai tout ça instantanément. La fée, le gosse, l'elfe, Felian, la mission, le monde, tout me paraissait tellement loin. Et les lèvres de la douce Buckie tellement attirantes...
Je continuai à l'embrasser passionnément, en serrant son corps fin contre moi, appréciant chaque parcelle de chaleur qui s'en dégageait.

Et tout à coup, j'ouvris les yeux.

C'était comme si je me réveillais en sursaut d'un cauchemar, ou d'un rêve beaucoup trop agréable. Dans mes bras, Buckie avait l'air tout à coup aussi déboussolée que moi. Je la reposai doucement et m'éloignai d'elle maladroitement, en me confondant en excuses. Elle passa une main sur son visage. Ses yeux allaient de droite à gauche, comme si elle cherchait quelque chose de perdu...

"L'elfe... Sa mélodie nous a tous ensorcelés. Elle a comme... exacerbé nos sentiments et nos sensations..."
"Mais ça veut dire que... EH si j'étais toi je poserais ça tout de suite, ma jolie !"

J'avais coupé court à mon élan de romantisme. Dans ma tête, la seule pensée qui dominait était que si Buckie avait été comme ça avec des "sentiments exacerbés", ça veut dire qu'en vrai il y avait peut-être quelque chose...
Mais la fée avait retenu mon attention : elle tenait son enfant contre elle, le protégeant de ses bras, et tendait la main vers sa Gunblade. Heureusement que je l'avais vue venir, celle là...

En attendant, Felian et l'elfe avaient disparu quelque part dans la maison.

Je tenais toujours la fée en joue, et Buckie sortit une fiole de son sac. Elle s'approcha de la Mafieuse, et lui fit respirer son contenu en se bouchant le nez.

Trente secondes plus tard, la fée et son gosse ronflaient sur le sol.

"Ah c'est malin, comment on va les trimballer jusqu'à la Jeep maintenant..."

Je râlais un peu, mais j'avais des papillons dans le ventre en réalité. Buckie leva un sourcil un peu moqueur, et me décocha un sourire d'enfer qui m'envoya directement au 7ème ciel de mes rêves les plus fous. Je devais avoir l'air bien niais parce qu'elle se mit à rigoler.

Un grand bruit sourd nous coupa tout à coup. On se retourna vers l'arrière de la maison, et Buckie s'exclama :

"Felian !"

[Quel intermède! ^^ C'est virevoltant! Bon... Knut... débrouille toi! Je t'aurais laissé une chance de te tirer d'affaires! Wink

Bon Knut, comme toi et Buckie parliez en vert je t'ai mis en vert+gras! ^^]

La jeune Capitaine se sentait heureuse de retrouver l'elfe. Elle ne se souvenait pas encore où mais le souvenir le plus enfoui qu'elle avait remontait à la surface. La dernière fois qu'ils s'étaient rencontrés il avait une voix mielleuse, douce et chaleureuse. Bref, elle se souvenait intensément de son attention, puis bizarrement quelque chose en elle avait repris le dessus et la flûte avait explosé en plusieurs morceaux.
Ses souvenirs agréables en tête, elle avait déposé le bébé fée/loup-garou et s'était plantée devant ce potentiel alter ego. Fée et elfe étaient deux races qui s'entendaient à merveille et qui avait été souvent unies dans le passé. Avec les temps qui couraient et les différentes races, le métissage était plus complexe.
Enfin bon, notre jeune fée filait le jeune elfe qui était vif et rapide. Si elle continuait ainsi, jamais elle ne pourrait le rattraper. Ne pensant à rien d'autre que de réussir à piéger sa proie pour un tête à tête intime, elle devint aussi petite qu'une mouche et tout aussi rapide. Elle avait anticipé la trajectoire de Knightmare et lui avait tendu un traquenard ingénieux grâce à son filin transparent. Elle se planqua derrière un vase (elle avait conservé sa toute petite taille) et regarda l'elfe passer: il courait en regardant fréquemment en arrière. Sa flûte était toujours en main. A son regard on pouvait voir qu'il cherchait désespérément en tête une mélodie qui pourrait contrer le sort lancé tout en gardant son avantage premier, distraire les soldats du gouvernement.

*Où est-elle? Parti? Je ne crois pas... elle doit être pas loin derrière!*

Pas assez concentré sur où il mettait le pied, il ne vit pas le soleil se refléter légèrement sur la fibre. Il trébucha et s'étala de tout son long au sol. Le mécanisme mit en place par Felian se déclencha et il se retrouva, assit, pieds et poings liés comme un lapin. Sa flûte dans sa chute était tombée et avait roulé sous un meuble, hors d'atteinte.

"Lüme!!"

Il essaya vainement de se pencher pour la prendre, mais il perdit l'équilibre et mis à part gigoter comme un ver par terre il ne pouvait la saisir.

Fière que son plan ait fonctionné, Felian fonça à toute vitesse sur l’elfe tout en ayant sa petite taille. Elle rata son freinage aérien…
Knut sentit quelque chose d’assez grand heurter ses lèvres et l’instant d’après dans un étrange « Pof », le soldat du gouvernement qui l’avait poursuivit apparut et tomba lourdement sur le sol à ses pieds. Elle semblait un peu sonnée. Elle se massait l’arrière train et faisait une grimace de douleur. Quand elle croisa le regard du flûtiste, ce dernier compris que plus que tout à l’heure elle tenterait de lui sauter dessus. Il sentait de grosses gouttes de sueurs perler le long de son dos.
La jeune fée arborait un sourire avenant et s’approchait avec une lenteur calculée. Le mafieux ferma nerveusement les yeux. Il ne pouvait pas bouger autant qu’il aurait souhaité. Il roula sur le côté, mais elle le retint. Il déglutit difficilement. Il vit la jeune femme plate comme une planche à pain, lui faisant un sourire doux et vraiment amoureux approcher dangereusement son visage du sien. A nouveau il ferma les yeux. Puis, contre toute attente un mot s’échappa de ses lèvres.

« Stop ! »

Felian s’était arrêtée, son visage à un centimètre de celui de sa victime. Etonnée, et toujours sous le charme du jeune homme elle recula et l’observa, la tête penchée sur le côté l’interrogeant du regard. Knut ouvrit timidement un œil et la vit plus loin. Il n’avait rien sentit à nouveau sur ses lèvres. Il en déduisit après avoir eu en moins de 48h deux baisers (un de Khaïl, l’autre de sa bien aimée [eh oui, Felian lit les post mafieux ! xD] Lay) que rien ne s’était passé. La fée l’aida à se redresser et semblait mélancolique.

« C’est du gâchis ! »

« Pardon ? »

« Pourquoi t’es un mafieux ? Rejoins les rangs du gouvernement ! Tu verras, c’est mieux ! »

« Non, je ne pense pas …»

« Tu ne te rends pas compte… mais un jour je suis sûre que tu nous reviendras ! Le mieux aurait été qu’il n’y ait rien, et encore moins cette guerre »

Elle avait avancé sa main pour lui caresser la joue, mais elle semblait hésiter.
Quelque chose dans son comportement lui rappelait Laythila. Les deux jeunes femmes se ressemblaient pas mal mais étaient différentes et le capitaine Ameth restait toujours aussi timide sous l’effet du sortilège originel de Knightmare. Le mafieux essaya de profiter de la situation. Il décocha à la gradée son plus beau sourire et son air le plus doux.

« S’il te plaît, délie-moi. »

Elle fit non de la tête. Il ne comprenait pas, pourtant elle était sous son emprise, pourquoi elle ne l’obéissait pas jusqu’au bout ? Elle lui fit un fin sourire. Son regard commençait à changer. Ils entendirent Osmo appeler la fée et il y eut du bruit dans l’escalier. Quelqu’un les rejoignait à l’étage.
Elle n’avait pas détaché une seule seconde son regard de Knut.

« Je suis là!»

« Ah ! Cool ! T’as réussi à l’avoir, lui aussi ?! Tant mieux ! »

Le lycan arborait un large sourire. Sa supérieure lui rendit un sourire énigmatique et se leva prestement. Elle tira sur sa corde et sans le moindre remords se mit à tirer Knut le long du couloir. Arrivée devant l’escalier, elle hésita de le faire rouler. Après tout il n’avait pas hésité une seule fois à jouer avec ses sentiments, cela semblait être le juste châtiment pour pareil comportement. Le sergent Kazam voyant la frêle constitution du mafieux et même si il ne les portait pas dans son cœur, empêcha Felian de mettre sa « punition » à exécution. Il porta négligemment Knut jusqu’en bas.
Ils réunirent leur prise au milieu du salon à moitié sans dessus-dessous.

« Belle capture, n’est ce pas ? »

« Effectivement, cela est d’autant plus intéressant que cet elfe… qui m’est d’une familiarité déconcertante ! Enfin bon, je ne saurais dire où nous avions pu être captifs, mais en tout les cas, une chose est sûre, il faisait parti de nos geôliers lors de notre enlèvement. »

Le lycan huma l’air. Maintenant il se rappelait où il avait sentit cette odeur. Il eut un sourire mauvais.

« Bon, il ne faut pas traîner. »

Ils tirèrent les prisonniers jusqu’à dehors derrière le grand arbre aux branches basses à côté de la maison. Les deux jeunes femmes les tenaient en joue pendant que le seul homme de la compagnie rapprochait la jeep de la maisonnée. Knightmare semblait résigné, mais d’autant plus inquiet qu’autre chose… sa flûte était restée à l’intérieur…

J'étais parti chercher la Jeep près de la grande tour en ruines pendant que Felian et Buckie surveillaient les prisonniers. J'arrivai devant la tour, et soudain une question con me traversa l'esprit...

C'était laquelle, notre bagnole ?

Parce que là, il y en avait une bonne vingtaine garées dans les alentours. Exactement même modèle que la nôtre. Et deux héli-cargos aussi. Et puis deux cent soldats qui me regardaient sans bouger, les armes pointées contre moi.

La seule chose que je pouvais faire, c'était cligner des yeux d'incrédulité. C'était quoi ce gros bordel?
Le capitaine de la base de Stoona - j'avais déjà oublié son nom - sortit du rang et se rapprocha de moi. Je me mis au garde-à-vous machinalement. Il s'arrêta devant moi, puis sourit largement et me tendis la main.

"Félicitations, sergent ! Vous avez réussi à leur mettre la main dessus, vous et votre équipe ! Vous êtes de loin l'un de nos meilleurs commandos, et vous serez récompensés en rentrant à la base. La zone est-elle sécurisée ?"

Mon cerveau s'éteignit tout doucement, subjugué par le flot de pensées contradictoires. Nous avait-on donné l'ordre de capturer cette fée et l'elfe ? Jamais. Le dealer de drogue, la petite racaille des rues de Mu... Comment le Gouvernement pouvait-il savoir qu'on était là ?! L'odeur dans la maison, l'elfe à la flûte, le baiser de Buckie, le bébé-garou, la Gunblade, la cicatrice sur le ventre de Buckie, l'odeur dans la maison, la racaille de Mu, Wally, la Machinerie, l'odeur dans la maison, le bébé-garou, la cicatrice de Buckie.

Mon cerveau se ralluma. Bordel-de-merde. Comment c'était possible??

Il n'y avait qu'une seule solution à tout ça. Le Gouvernement, sachant très bien que des soldats en mission ne pourraient jamais accéder à ces Mafieux, nous avait manipulé pour faire le sale boulot.
Wally n'existait pas. Le barman était un acteur. Les voyous étaient des acteurs. Le dealeur était un acteur. Et cette fille devait être sacrément importante pour qu'on nous envoie la capturer sous une couverture aussi importante que notre ignorance totale.

L'odeur dans la maison.

C'était celle de quelqu'un dont je ne me souvenais plus. Donc l'une des personnes qui nous avait enlevés, avec Buckie, Felian et Al.
Et puis tout à coup, ça me revint. Les Mafieux d'Holoska... Le vampire et le lycan. C'était lui, à coup sûr. C'était lui que le Gouvernement voulait choper.

Alors... Il devait être bien haut dans la hiérarchie des Mafieux. Peut-être l'un des sous-chefs, voire des conseillers. Voire...

"Sergent? Un problème?"
"Aucun, monsieur. La zone est dégagée. Mes coéquipières sont sur place."
"Parfait. Soldats, préparez les containers. Nous emmenons ces prisonniers à Luenya."

Je pris la tête de la marche, et guidai le bataillon vers Buckie et Felian. Celles-ci me virent arriver avec une lueur sombre dans le regard, et l'expression totalement vide et neutre. Je ne sais pas si elles comprirent du premier coup, mais elles savaient qu'on avait besoin d'une petite conversation tous les trois. Elles remirent les prisonniers aux mains des soldats, qui les emmenèrent dans des coffrets thermiques qui les endormiraient jusqu'à leur arrivée à Luenya.

Je frémis lorsque je vis les trois coffrets sortir du fourgon, trois coffrets dont un de petite taille, adapté à l'enfant.

Knightmare, Ishtar, Khan

QG du Gouvernement à Stoone

Ils savaient tout bien avant qu'on arrive. On n'avait été que des pions pour eux. Bordel, mais comment on avait pu ne pas voir ça??

Rapidement, les soldats remontèrent dans les héli-cargos, et d'autres nous escortèrent en Jeep vers le QG d'Endanbane. Ils nous indiquèrent que nos bagages étaient déjà prêts, et que nous retournions à Mu aussitôt arrivés. Sous-entendu, ils avaient peur qu'on creuse un peu plus profond dans leurs affaires...

Mu, Centre-ville, Résidence militaire aux abords de la ville.