Salle d'interrogatoire

tarmac de l'aéroport

Felian était descendu de l’appareil et s’était soumise aux ordres. Elle devait se séparer pour le moment d’Osmo et Buckie. Elle dû suivre un Capitaine de Mû qui était froid et rêche. Il était de 10 ans son ainé. Felian se fit discrète. Dans la berline qui la ramenait vers le pavillon de psychiatrie de la base elle lisait et relisait sa convocation. Visiblement elle était la première à être interrogé sur les péripéties qu’ils avaient pu vivre ces derniers jours. Elle essaya de calculer le nombre de temps qui s’était écoulé entre leur promotion et leur débarquement à Luenya.

*Ca nous fait… 1, 2, 3 jours que nous avons quittés Mû…*

Bien… cela ne l’avançait pas à grand-chose de toute façon. Elle ne se souvenait de pas grand-chose. Et puis… tout était flou comme s’il y avait un voile sur ce qui s’était passé récemment les mafieux, avaient dû leur refiler quelque chose de pas très net pour probablement leur embrouiller l’esprit.
Elle descendit du véhicule toujours perdue dans ses pensées. Elle s’arrêta un moment elle eut un furieux mal au crâne. La douleur lui vrillait les os de la boite crânienne. Elle ferma les yeux.

-Magne toi va !

-Attendez…

Elle parlait en murmurant. Elle s’entendait comme si elle hurlait. L’autre la regarda intrigué. Il l’attrapa par le poignet et l’amena à l’intérieur.

-Je n’ai pas que ça à faire !

Elle avait les yeux entrouverts juste pour pouvoir voir où elle posait les pieds. L’autre la guidait par quelques couloirs où s’étalaient des peintures abstraites et folles. Ils empruntèrent des escaliers. Ils arrivèrent à une porte de couleur violette après avoir longé un couloir fleuri par des plantes exotiques mais aussi des tableaux représentant des champs de fleurs. Il l’ouvrit.
Il y avait dans la pièce une petite table avec deux chaises. Les fenêtres étaient fermées. La lumière artificielle d’un néon éclairait entièrement la pièce. Felian fronça les sourcils en entrant. Cette pièce quasi vide avec des caméras à chaque coin son bureau et ses deux chaises l’intriguait. Le contraste était trop important. Le capitaine Ameth se mit à regarder tout autour d’elle, pendant que la porte se refermait derrière elle.
Les murs étaient gris. La lumière semblait blafarde. C’était une atmosphère un peu glauque qui flottait dans cette pièce. Un frisson lui parcouru l’échine. Elle passa un doigt sur le bureau métallique. Il était propre, mais il y avait des traces… d’impacts…
Elle respira profondément. Peut être n’était ce que quelques mauvaises impressions.

-Bien le bonjour capitaine Ameth !

Elle sursauta et sentit son cœur défaillir. Le type qui était dans son dos avait une voix de psychopathe alléché. Même chez les mafieux et en réunissant le peu de fragments de mémoires qui lui restait de cet épisode il n’y avait pas un tel type. Elle prit une grande inspiration et se retourna. L’homme sui se tenait là devant la porte close ne faisait pas plus du mètre cinquante cinq. Il portait des lunettes et avait presque un sourire rassurant si ses dents n’étaient pas toutes tordues. Il passa à côté d’elle et s’assit derrière le bureau.

-Nous allons causer tranquillement Capitaine. Comment était ce petit voyage chez les forces ennemies ?

-Je euh…

-Mais prenez donc place !

Il avait un ton doucereux et lui désignait la chaise en face de lui d’un geste gracieux de la main. Sans se faire prier elle s’assied donc. Elle avait sentit que ce type serait capable de beaucoup pour lui tirer les vers du nez si elle était sous menace ou bien encore même de mèche avec les rebelles. Elle n’avait pas confiance en lui, mais était déterminée. Il fallait toujours lui dire la vérité.

-Je n’ai aucun souvenir réel de ce qui s’est passé.

Il la regarda en fronçant les sourcils et en joignant les mains.

-Poursuivez !

Le silence s’installa. Poursuivre quoi ? Elle se souvenait de rien c’était pas compliqué comme information. Voyant que le gradé devant lui ne savait plus quoi dire il essaya de relancer l’échange.

-Bon… vous souvenez vous de la cérémonie de promotion ?

-Oui. J’étais la dernière à avoir tenu tête à ces robots bizarres.

-C’étaient des droïdes selon les analyses d’images.

-Vous n’avez pas réussi à avoir un specimen ?

-Ils ce sont tous auto détruits après cous avoir enlevé vous et vos collègues. Vous souvenez vous de l’endroit où vous avez été retenus ?

Felian fit non de la tête.

-Vous ne savez pas ce qui s’est passé ?

Elle fit le même mouvement.

-Quels sont vos derniers souvenirs ?

-L’attaque de la cérémonie de promotion puis, nous nous sommes retrouvés dans une des plaines blanches de Holoska dans une bulle qui ressemblait à du verre ou un truc dans le genre. Il y avait deux mafieux avec nous. Le sergent Soilir était blessé. Un yéti nous a attaqué et a brisé notre prison transparente. Ensuite nous avons pu nous échapper, les mafieux ce sont tirés. Après nous avons été secourus par Red et Umie.

-Hmm…

Il la regarda droit dans les yeux. Felian sentit tous ses muscles se détendre tout à coup. Les sensations disparaissaient. Elle avait l’impression d’être dans du coton. Ses yeux voulaient se fermer comme pour dormir. Oui… elle avait bien besoin de sommeil mais… elle avait l’impression que des images apparaissaient dans son cerveau. Elles semblaient venir de loin, très loin dans ses souvenirs. Elle aperçut vaguement le psy qui l’interrogeait. Elle parlait sans comprendre ce qu’elle disait. Elle ne s’entendait même pas comme si elle s’était divisée en deux. Elle savait qu’une chose, elle lui décrivait les images qu’elle avait sous les yeux.

Tout d’abord, c’était le ciel bleu de Mû… puis une prison creusée dans la roche. Une pièce luxueuse entièrement taillée dans la même matière. Une flûte qui explose. Des écrans lumineux. Une elfe qui tombe rattrapée par le vampire qui était dans la plaine avec eux. Un loup… un autre elfe. Il semble effondré… il regarde les débris de quelque chose par terre. Puis tout à coup à nuage de fumée et Holoska.

Felian se sentit comme revenir de loin. Tout redevint net autour d’elle, le contour des images, les sensations. Le type en face d’elle semblait satisfait. Il souriait. Par contre une image restait dans la tête de la fée, celle de l’elfe effondré regardant quelque chose par terre. Elle avait l’impression que les gens qu’elle avait vus dans ses souvenirs brumeux étaient des gens importants. Trouver ce type serait peut être la clé qui mènerait au démantèlement définitif des mafias. Ce n’était que son instinct. Une mission à proposer ne repose pas sur des impressions mais surtout sur des faits…

-Merci beaucoup capitaine.

-Je …

-Vous avez été très coopérant. Vous pouvez rentrer à la caserne. Par contre vous ne pourrez pas voir les autres membres du commando tant que nous ne les aurons pas interrogés.

-Vous… m’avez hypnotisé ?

-Ils ont utilisé un artifice pour vous rendre amnésique. Le seul moyen était d’aller chercher dans votre inconscient les images qui y avaient été refoulées.

Il lui offrit un sourire sardonique et la fit prendre congé. Le même capitaine l’attendait dans le couloir. L’interrogatoire avait pris à tout casser une trentaine de minutes. Il l’emmena à la caserne. L'image de knut était fixe dans son esprit... mais pourquoi? Elle chercha encore un peu... ah... mais oui... il avait été accompagné d'un sentiment de franche attirance... pourquoi avait elle l'impression d'avoir été follement sous son charme pendant un court laps de temps?

Café Vivalto

Après le combat dans la prison où on avait remis tous ces taulards à leur place, Red et Umie avaient été chargés de nous escorter au plus vite au QG de Mu. J'observai Buckie pendant le vol : elle avait eu l'air mal en point, et passait souvent sa main sur son ventre. Quand à moi, j'essayais de me creuser la mémoire pour retrouver ce qui s'était passé entre l'attentat et la plaine...

Bref. Au final, on s'était retrouvés au QG vraiment vite. En même temps, Red avait l'air d'un bidouilleur donc ça aurait pas été étonnant qu'il trafique son jet pour le booster un peu. Et même si c'était un peu illégal, après tout il faisait partie du Gouvernement...

Mais, re-bref. Après que Felian soit partie avec un Capitaine, un autre vint chercher Buckie pour l'emmener on-ne-sait-où. L'idée ne m'enchenta pas réellement, à vrai dire. On me parqua dans une chambre d'hôpital - bien sûr, j'avais carrément une gueule de malade, avec mon teint frais et ma parfaite santé... Le soir même, un gars vint me chercher et me traina jusqu'en psychiatrie. Bah voyons. Un homme, moins d'1m50 (oui, un homme, même pas un nain), me salua et blablabla. L'interrogatoire ne me surprit pas vraiment, je connaissais leurs méthodes : hypnose ou drogue, en tous cas ça m'avait bien foutu dans les vapes pendant une demi-heure. Ils n'avaient pas besoin de faire ça. Je les aurais aidés volontiers.

Bref... Après ça, le gars m'annonça que j'étais en permission.

EN PERMISSION ?!

Après plus de trois ans à exercer mes bons et loyaux services, ce n'était qu'après m'être fait enlever par une bande de mafieux de seconde zone et avoir empêché une rébellion de prisonniers qu'on m'accordait une permission !!

C'était pas trop tôt.

Aussitôt, je voulus retrouver Buckie et Felian. Je demandai à l'intendant, il me répondit que le capitaine Ameth se trouvait à la caserne, tandis que le sergent Soilir n'était pas disponible.
J't'en foutrais des pas disponibles...

Du coup, je décidai d'aller rendre visite à Felian à la caserne. Sauf que j'avais oublié un truc.

Etant en permission, mes droits d'accès sautaient. Plus le droit d'aller à la caserne, plus le droit d'aller sur le centre de commandement, plus le droit d'aller nulle part en fait... Sauf sur le terrain d'entraînement et aux dortoirs.

Mais j'y pensais soudain : ça faisait un bail que j'avais pas revu ma piaule. Je courus au garage, et soupira de plaisir lorsque je retrouvai ma belle bécane, là où je l'avais laissée.

Je roulai à toute berzingue sur l'autoroute, et me faufilai dans les petites rues de Mu avant d'arriver au quartier-dortoir. Comme d'habitude, je garai ma moto, et grimpai les étages quatre à quatre (envie de marcher, pour une fois).

Ma chambre était telle que je l'avais laissée... L'odeur en plus. Effectivement, j'avais pas prévu que je partirais autant de temps. En fait, je savais même pas combien de temps j'étais parti. Au moins une semaine, de mémoire, plus si j'avais pioncé entre l'attaque et la plaine. J'ouvris les fenêtres, et décidai de ranger.

L'idée me surpris moi-même. C'était peut-être la première fois que j'allais mettre un coup de propre là dedans. Pendant que je mettais tout le vieux linge dans le bac de lavage, je saisis mon portable et passai un coup de fil... Evidemment, Buckie était sur messagerie.

Je lui laissai donc un petit message, en lui donnant mon adresse et lui disant de venir si elle voulait, ou de me rappeler. Etrangement, je ressentis un pincement au coeur, mais aussi une sorte de boule dans le ventre. Une boule de stress. Pourquoi j'avais fait ça ? Comme si elle allait venir me retrouver dans mon trou à rat qui puait le renfermé.

Je continuai à tout ranger de fond en comble. Vieilles chaussettes, au sale ! Vieux emballages de bouffe, poubelle ! Bordel non déterminé et trop compact pour être rangé, au fond de mon armoire !

Une heure plus tard, ça commençait à ressembler à quelque chose. J'envoyai un petit message à Felian en lui demandant comment s'était passé son "entretien". Après avoir passé un bon coup d'aspiro-nettoyant, le sol brillait à nouveau, les draps sentaient le propre et le petit bureau était tellement bien rangé que j'en vins presque à me demander comment j'avais pu faire ça.

Alors, me vint l'idée de regarder l'heure. 4h du matin. Bien, Osmo, bien... Je me précipitai dans la salle de bains, pris une rapide douche froide - j'avais oublié de rallumer l'eau chaude après mon absence - et me glissai sous ma couette. Ca faisait tellement de bien de dormir dans un vrai lit...

Ma dernière pensée fut pour Al : il devait être heureux d'être rentré à Holoska. Mais ce bonhomme, mine de rien, me manquait.

Centre ville :: Café Vivalto

[il me semble me souvenir qu’Osmo veut passer mercenaire, je lui donne l’occasion de quitter le gouvernement au passage XD]

[edit: je deplace ce post a la suite de celui d'osmo puisque mon interrogatoire est censé avoir lieu après le sien ^^]

Le lendemain, Buckie fut accompagnée vers le pavillon psychiatrie par une espèce de salle type qui semblait mettre un point d’honneur à lui montrer sa mauvaise humeur. Il avait un regard qui semblait dire « j’en ai marre d’être pris pour un chauffeur alors dépêche-toi femelle ! ». L’elfe aurait aimé lui dire ses 4 verités pendant le trajet, elle aurait voulu lui coller une paire de baffes et lui dire a quel point la situation l’exaspérait. Non seulement elle allait subir un interrogatoire à propos de faits dont elle avait tout oublié mais en plus de ça pour sa première soirée libre en ville elle n’avait pas pu voir ni même parler à Osmo ! Elle tourna sa langue 7 fois dans sa bouche avant de se la coincée entre les dents en voyant le grade de son accompagnateur. Inutile de s’attirer les foudres d’un supérieur et de crier sur tous les toits qu’elle avait un faible pour son collège. Ce genre de relation n’était pas franchement la bienvenue au sein d’une unité comme la leur, Buckie n’avait pas envie de se voir séparée du sergent Kazam…. Perdue dans ses pensées elle ne s’était même pas rendue compte qu’elle était déjà entrée dans le bureau du docteur Psycho-Nabot ou quel que soit son nom et qu’il la regardait avec un sourire assez peu engageant.

- N’ayez crainte sergent je ne suis pas là pour étouffer une si jolie romance dans l’œuf.

- ……..*shoked* ………… pardon ?

Comment savait-il ça ? Osmo aurait craché le morceau ? non !... en tous cas pas volontairement…

- Peu importe…pour l’instant. Asseyez-vous je vous prie. Comme vous le savez-vous êtes la dernière de votre groupe à passer cet entretien. Inutile de vous le cacher puisque vous en parlerez certainement avec lui… enfin je veux dire avec eux, vos collègues nous ont déjà fournis quelques informations précieuses sur l’apparence de vos ravisseurs…du moins l'un d'entre eux

L’échange se poursuivit pendant quelques minutes durant lesquelles l’elfe se sentit de plus en plus embrumée, le souvenir d’un sourire sadique collé sur le visage d’un homme lui revenait puis elle le vit étalé sur le sol gisant dans son propre sang, un trou béant à la place des bijoux de famille ensuite… ensuite… trou noir. Lorsqu’elle reprit ses esprits Buckie constata que Psycho-Nabot prenait quelques notes sur son carnet et s’était un peu éloigné d’elle. De toute évidence le type dont elle se souvenait était mort, rien de bien intéressant...mais plus important, le docteur avait donc des dons de télépathe et avait vu la même chose qu'elle, ceci explique cela… mais dit donc ce petit bonhomme aurait il peur d'une jeune demoiselle? L'elfe réprima un sourire moqueur.

- Merci de votre collaboration sergent. Vous et vos collègues êtes libres jusqu’à nouvel ordre mais ne quittez pas la ville.

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