Boutiques

Dordonellion Dorostfin Mont Ecorchés Cave des Ages

Laythila et Knut avait embarqué dans le jet. Le Boss de Dordonellion avait un sourire heureux sur les lèvres, comme si elle allait rejoindre une vieille connaissance. L’inquiétude et la mauvaise humeur semblait oubliée. Elle était confiante en l'avenir. Elle avait fait venir un jet, d'une compagnie privée, neutre. Ils avaient une heure de vol devant eux pour rallier Nimandril. Laythila était partie se changer et prendre une bonne douche. Elle semblait comme revivre à présent. Elle s'était attifée d'une tunique simple et brodée de fleurs dorées, avait relevé ses cheveux et avait gommé ses cernes par un maquillage discret. Elle s'assit en face de Knut et attrapa sa ceinture à poches en cuir. Elle regarda un peu ce qu'elle y avait dedans. Elle en ressorti son micro ordinateur holographique. Elle regarda ses derniers messages.

*Rien d'important pour le moment*

Elle rangea son bazar et enfila sa ceinture. Knut regardait passivement par le hublot les nuages. En l'espace de trois jours, il avait plus voyagé que dans les dernières années de sa vie. Laythila était détendue. Elle appuya sur un bouton du fauteuil et un écran holographique projeta les derniers évènements de Alythra entre les deux protagonistes. D'un oeil peu intéressé Knut regarda les informations. On parlait de vague d'attentat. le porte parole du secrétaire du général en chef des armées parlait de mission prioritaire le démentellement de la mafia. il se targuait d'avoir toujours un de chef dans une de ses prisons et que l'emprisonnement des autres ne saurait tarder. Ensuite les journalistes montrèrent les cratères et débris encore fumant des attentats provoqué. Puis la speakerine météo fit son apparition. Lay éteignit l'écran.

"Les prisonniers que l'on a fait ne les intéresse en rien visiblement..."

"Ils sont pas assez gradés."

"Habituellement ils aiment bien nous faire passer pour les méchants pour bien peu que ça."

"Les attentats leur suffit amplement. Maintenant, vous allez être traqués toi et les autres."

"Ca ne changera pas de d'habitude."

Laythila lui sourit. Knut la regardait attentivement. Visiblement, toute à l'heure, tout ce foin pour une guerre totale, et là, elle se comportait comme si tout était des plus naturels.

"D'ailleurs? On atterrit où? Le QG mafieux de Citadinel n'était pas tombé?"

"Sur une piste publique à Nimandril. Ah? Mais pas du tout Knut. Tu es en retard. Mes soldats aidés du reste des troupes de Citadinel les ont remis à l'eau ces gouvernementaux. Le bâtiment qui a été découvert a été détruit, mais il y en a d'autres cachés à Nimanur. C'était le QG de façade comme on dit chez nous."

"Euh... d'accord. Et là, tu ne penses pas qu'ils ont repris les contrôles aux frontières que utiliser les transports en commun comme on pourrait l'appeler relève du suicide."

Laythila dévisagea Knut un moment. L'elfe qui lui faisait face ne semblait pas tranquille.

"Ne t'en fais pas. C'est plus sûr pour nous de débarquer sur une piste publique que sur une des privées de la mafia du coin Nimanur reste sous haute surveillance. D'ailleurs voici tes papiers d'identité. De toute façon personne ne soupçonnerait que je suis la Boss de Dordonellion car mes sbires qui sont fichés au gouvernement, Egan et Azria sont resté à Dordo. Là, l'aéroport de Citadinel accueil l'une des plus grosses fortunes de Dordonellion: Livi Cappruccio. Donc s'il te plait ne m'appelle pas Lay mais Livi pour le temps que nous seront de séjour ici. Je te dirais quand on pourra relâcher notre garde."

Elle lui sourit confiante.

"Où t'es partie te trouver un tel nom?"

L'elfe joueur d'échecs étouffait un fou rire. Lay lui rendit un simple sourire amical.

"C'est la suite de mes prénoms. On ne les choisit pas, mais on peut les cacher. Ca a son avantage parfois"

Il s'arrêta un instant.

"Euh... désolé."

"C'est rien."

Son regard était sincère. Elle l'appréciait bien Knut dans le fond. Curieux, et simple comme elfe, mais il dégageait quand même cet aura noble qui impressionnait Laythila. Ils profitèrent donc pour papoter sur où ils allaient partir, leur connaissance de Citadinel. Très rapidement, Knut se rendit compte que Laythila connaissait par coeur les îles du Printemps Eternel. Elle lui parlait avec beaucoup d'enthousiasme des boutiques d'instruments qu'elle connaissait et autres. Une question taraudait l'interlocuteur de Lay. Venait-elle de Dordonellion? De Citadinel?
Elle lui répondit par un fin sourire. Elle ne semblait pas d'humeur a tout lui dévoiler. Après tout il n'était qu'un Capo à présent de la Mafia de Mû. Pour satisfaire sa curiosité il mit ses questions de côtés pour les poser à Khaïl qui devait sûrement être au courant.
Le commandant de bord annonça leur descente vers l'île. Lay avait sorti deux verres et une fiole. C'était la dernière que lui avait donné Undomiel. Bien pratique. elle dilua trois goutte dans de l'eau et bu d'un trait. Knut l'observa. Les cheveux de l'elfe en face de lui s'éclaircirent pour devenir châtains et ses yeux devinrent gris. Elle ressemblait trait pour trait à la Livi dont parlait les grands médias de finance et des presses people. Il hésita et lui aussi prit une rasade de potion.

"24h d'effets garantis! j'ai toujours l'antidote sur moi au cas où il serait nécessaire de reprendre nos apparences initiales plutôt que prévu."

Knut se retrouva donc avec les cheveux blonds et sa lentille de contact tomba. Laythila s'aperçut alors qu'il avait les yeux hétérochromes soit dans un langage plus populaire: vairons. Elle était étonnée et lui offrit son plus large sourire. Il sortit de sa poche une petite boite où il rangea sa lentille et la fourra dans sa poche. Aux yeux de tous, il était méconnaissable.
Ils débarquèrent donc sur le tarmac de l'aéroport principal de Nimandril. Des gardes du corps attendait Laythila qui était tout sourire au bras de Knightmare. Ils entrèrent dans la berline qui était venue les chercher. Laythila donna quelques ordres au chauffeur et ils se firent déposer en bas d'un hôtel chic du Centre-ville. Là, ils prirent possession de leurs quartiers, une immense suite qu'avait réservé la boss de la mafia. Cette dernière se changea à nouveau et réapparu devant Knut plus simple. Un élastique nouait ses cheveux. Elle était à nouveau en salopette.

"Y a des voleurs qui trainent en ville... si je suis trop chiquement habillée je vais me faire raquetter."

Knut haussa les épaules. Ils quittèrent l'hôtel par les escaliers du personnel et se retrouvèrent au coeur de la ville. Laythila fourra ses mains dans ses poches. Ils marchaient au même rythme flanant de magasins en magasins, d'étals en étals. Ils avaient vu deux boutiques d'instrument mais elles ne vendaient pas ce que Knut cherchait. En sortant de la dernière boutique, un vieillard croisa leur route. Il s'arrêta, se retourna et héla Lay.

"Excusez moi mademoiselle!"

Laythila se retourna intriguée.

"Oui? Je peux faire quelque chose pour vous?"

"C'est plutôt à moi de vous demander cela. Vous avez un pendentif intéressant!"

Knut sentit la boss se raidir, mais son visage gardait la même expression naïve, joviale et innocente.

"Vous vous y connaissez en pierre?"

"Et comment! Je tiens ce magasin (dit il en pointant du doigt une vieille échoppe), si vous voulez vous pouvez venir faire un petit tour."

Les deux elfes échangèrent un regard interrogateur. Lay haussa les épaules. Ca ne leur coûtait rien d'aller y faire un tour. Ils emboîtèrent le pas du vieil homme qui ouvrait tout juste son échoppe. Il avait sur des étagères et des socles une collection incalculable de pierres différentes et particulières. Pas une ne se ressemblait. La Boss de Dordonellion comprit qu'elle avait face à elle un connaisseur. Knut partit faire un tour entre les étagères. Elle s'avança vers le vendeur et détacha son collier. Elle lui posa la pierre sur le comptoir.

"Vous savez que ce jade est particulier. A-t-il d'autres propriétés que de pouvoir s'échanger des pensées à longue distance?"

"Eh bien je vois que vous avez exploité cette méthode. Il y a bien autre chose que vous pouvez obtenir dans ce jade. Vous avez un piètre rapport avec la terre pour une elfe. C'est un procédé pourtant évident et pratique. Vous pouvez avoir les coordonnés de où se trouve la personne qui porte l'autre moitié de cette roche."

"Les coordonnées?"

Knut était revenu et était debout à côté de Laythila. Le vieillard expliqua donc à Laythila comment elle devait faire pour avoir cette information. Elle grava chaque instruction dans sa mémoire et remercia chaleureusement le vieil homme en lui achetant une de ses bagues en quartz blanc, entièrement taillée et ciselée dans la pierre. Les deux elfes sortirent du magasin. Laythila rangea la petite bague transparente dans une des poches de sa ceinture.

"Tu ne la portes pas?"

"Il faut la laver, la purifier, et la recharger avant. Tu ne savais pas?"

Il fit non de la tête. Lay éclata de rire. Tous les elfes savait ça. Visiblement, elle n'était pas la seule qui ait un rapport particulièrement difficile avec la terre. Elle avait relevé dans le magasin un échiquier en onyx blanc et vert. Ils se remirent à longer les magasins de la rue. Elle envoya un message à un de ses sbires pour l'envoyer l'acheter. Cette pièce était trop belle il la lui fallait.

"Bon il faut qu'on te trouve un atelier de réparation pour ta flûte ou sinon qu'on te trouve un magasin qui puisse t'en vendre une de bonne qualité. Ensuite on rentre à l'hôtel et je fais tout ce que m'a raconté le vieux croûton. On sera plus sûr d'où se trouve Undomiel comme ça."

Elle l'attrapa par le poignet et ils se dirigèrent vers les rues d'armurerie et d'instruments fabriqués par les elfes.

La rue était noire de monde. On nous bousculait, nous les bousculions. Tous les armureries étaient remplis à ras-nord. A croire qu'une guerre éclaterait bientôt. Mais suis-je bête, c'est nous qui l'avions déclarés.
Nous traversions foules après foules, boutiques après boutiques, mais rien d'intéressant. Beaucoup de charlatant, d'humains déguisés en elfes ou en chamans. Leurs flûtes n'avaient rien d'artisanales et encore moins de magique. Des flûtes sans vies, sans âmes.

"Jusque là, aucun ne m'a plut. Ce n'étaient que des arnaqueurs pour touristes et ignorants. Je m'attendait à mieux sur les terres de nos ancêtres. Et toi qui te vantais qu'il y avait les meilleurs flûtes de tout Alythra."

Je lui jetai un regard suspicieux. Elle éclata de rire, ce qui m'entraina dans son fou rire. Les passants passèrent et nous regardaient, déconcertés.

Un énième passant nous bouscula puis tomba. C'était un homme âgé. Il fit tomber son sa baguette sous le choc.

"Veuillez nous excuser, monsieur. Nous ne l'avions pas fait exprès. Voulez-vous..."

A la vitesse de l'éclair, une main se glissa dans la poche de La... Livi. Et la seconde d'après, il ne restait plus que le manteau et la baguette au sol. Le vieux monsieur n'était plus là.

"HA! Où est..."

Sans un mot de plus, elle courut vers l'ombre qui se faufilait parmi les passants. Par réflexe, je la suivi. Il m'a fallu quelques secondes pour comprendre. On venait de voler la pierre.

Je glissai ma main dans ma poche pour sortir ma flûte. Mince, j'avais oublier. Que faire? Il ne nous restait plus qu'à poursuivre le voleur. Mais à cause de la foule, il pouvait facilement se confondre dans la masse. Mais La... Livi semblait pouvoir le suivre.

"Tu le vois? Parce que, là, moi non!"

"A une heure! Il vient d'entrer dans le bâtiment. Viens, suis-moi."

Nous entrâmes dans le bâtiment en question. Noir. Vide. Un bruit de pas montait non loin d'où nous étions. Il fallait monter, sinon, on allait le perdre définitivement.
En haut des escaliers, un rayon de lumière s'infiltrait par des volets crasseux d'une pièce sur la droite. Des gémissements provenaient d'un coin de cette pièce. Un vieil homme bâillonné était allongé dans un coin de la pièce. Nous nous précipitèrent vers lui.

"S'il-vous-plait. Aidez-moi. Ils ont pris ma fille."

Knut allait s'avancer et détacher le vieil homme. Livi lui barra la route de son bras.

"Mais... qu'est ce que tu fais? Ce type..."

D'un signe de la main elle le fit taire. Knut ne râla pas plus, mais le fait que la jeune elfe n'aide pas ce malheureux l'énervait. Elle avait tout ses sens en alerte et ne bougeait plus. Elle écoutait. Ce type avait dit qu'on avait sa fille, et les murs de cet immeuble était pour Lay comme des murs de plâtre fins. Elle se concentrait sur les sons existant et tentait de les porter à son oreille. Elle avait à présent les yeux fermés.
Elle s'avança sans bruit vers le vieillard et fit un geste bref de la main. Les cordes tombèrent au sol coupées nettes. Elle faisait signe à son interlocuteur de rester silencieux. Knut observait, il était rassuré. La boss mafieuse en face de lui était capable de gentillesses. C'était déjà ça. Elle s'approcha de lui et lui murmura quelques instructions. Ensuite il la vit sortir de la pièce.
Knut était resté avec le vieil homme. Il le rassurait, La...Livi était parti chercher sa fille. Elle l'avait entendu. Tout à coup un cri strident à faire glacer le sang se fit entendre. L'elfe sentit son sang faire un tour. Elle l'avait prévenu qu'ils étaient plusieurs et d'emmener loin le vieil homme si cela tournait mal. Les deux hommes se regardèrent et d'un commun accord coururent vers la seule issue de la pièce et montèrent quatre à quatre les escaliers.
Ils virent par l’entrebâillement d'une porte une dizaine de types louches, tous probablement des tueurs à gages, des voleurs qui entouraient Laythila. Une petite fille tremblait comme une feuille se cachant derrière elle. Lay était adossée au mur. Ses assaillants approchaient lentement. Plus loin il y avait le butin, tout au fond de la pièce. Lay croisa le regard de Knut. Il comprit aussitôt qu'il avait bien fait de venir. Lay était plus ou moins dans le pétrin. Grâce aux déplacement de ses yeux il comprit que c'était à lui d'aller ce qui avait été volé dans le coffre.

*Mais je n'ai rien pour me défendre... ils vont me dégommer comme un pigeon.*

A ce moment même, Lay sortit deux dagues jumelles de ses bottes et les lança comme le ferait un lanceur de couteau. Elle manqua de peu un des voleurs.

"Tu ne sais pas viser ma jolie?"

Elle lui répondit par un sourire énigmatique. Knut entra discrètement. Il se colla au mur et le longea.

*Pourvu qu'ils ne se retournent pas et que le vieux ne bougent pas de derrière la porte.*

Lay les provoqua rien que par son attitude. Elle ne devait pas faire virer la scène au gore. Il y avait une gamine dans ses pattes et elle ne voulait pas la traumatiser. La petite vit Knut s'emparer des dagues et se cramponna à Livi.

"Tiens? je me disais que j'avais déjà vu ton visage toi... T'es l'une des plus grosses fortunes de Dordonellion... Si on te capture et qu'on demande une rançon on se fera un bon paquet d'argent."

Lay ne répondit rien. Elle avait déjà vu pire comme situation. Le but était de pouvoir les occuper jusqu'à ce Knut avait terminer de récupérer ce qui était à eux et ensuite se barrer d'ici le plus vite possible avec le vieux et la petite.
Un de ses assaillants s'approcha. Elle lui fit face avec détermination et engagea un combat à mains nu. Il se retrouva en quelques mouvements assommé, roulant par terre. Deux autres s’avancèrent. Lay ne le sentait pas, l'un d'eux était un magicien... et elle détestait affronter ces perfides faiseur de tour de passe-passe. Knut avançait toujours discrètement il était à deux doigts d'ouvrir le coffre...

"Karl! Derrière toi!"

C'était l'homme à terre qui criait. Mince. Je le croyais dans les vapes.
Tous les hommes se retournèrent. Je n'avais que la dague pour me défendre. Mais comment la manier? Et la petite qui voyait toute la scène... Il ne fallait pas la traumatiser par la vue du sang.
Je me baissai donc pour poser la dague quand un homme fonça pour m'attaquer. Ne l'ayant pas vu arriver, je me redressai. Et sans le vouloir, je lui offris un joli coup-de-boule dans la mâchoire.

*Ouille ouille ouille, ma tête.

Un corps s'effondra à mes pieds. Que venait-il de se passer?
Avant même que je ne me relève, L...Livi avait maîtrisé le magicien, perturbé par l'incident qui venait d'arriver. De là, elle créa une prison d'air chacun, une prison insonorisée. Ils avaient beau crier, bouger dans tous les sens, on ne les entendait plus.

La petite fille se mit à sourire. Il est vrai que leur grimace était drôle à voir.

"Knut! Viens, porte la petite. Je vais chercher mon bien et on se sauve illico presto."

Je la pris dans mes bras. Livi fonça vers le coffre et l'ouvrit. Le coffre ne comptait qu'un seul objet: la fameuse pierre. Elle le prit puis nous déguerpîmes. Le vieil homme nous suivit.

"Monsieur, téléphonez aux autorités. Prévenez-les qu'il y a des tueurs à gages au 37 rue de la Vigne. Dites leur qu'un magicien fait parti du groupe et qu'ils ne possèdent que des armes blanches."

Il s'exécuta sur le champ. Téléphone à la main, il décrit les directives aux agents de l'ordre.
Dans mon coin, je rigolai. Nous, mafieux, demandions assistances auprès des forces de l'ordre. Le comble.

"Monsieur, pourquoi vous rigolez? Est-ce que c'est pour les grimaces des méchants de tout à l'heure? Grand-père, tu as vu leur vilains visages? Ils sontaient très très moches."

Sa petite voix frêle et innocente puis son rire ravit son grand-père, encore en angoissé par la pensée d'un jour perdre sa petite-fille adorée.
Nous atterrîmes dans la rue bondée. Toujours la même qu'avant: les commerçants qui vantaient leur produits, les marchants à la sauvette qui criaient "Pas chères, pas chères".
Livi tourna dans une ruelle déserte et silencieuse puis s'arrêta.

"Là, au moins, on sera au calme. Tu peux reposer la petite, Knut. Ils sont en sécurité, maintenant."

"Non! Je ne veux pas descendre. Je veux pas, je veux pas, je veux pas."

"Viens ma petite Livi. Il faut descendre maintenant. On doit les laisser, ils nous ont déjà beaucoup donné aujourd'hui." Le vieil homme se tourna vers nous. "Comment pourrais-je vous remercier? Vous nous avez sauvez de ces malfrats."

"Ce n'ai vraiment rien du tout. Pour tout vous dire, ils nous avaient dérobé un objet qui m'est cher."

"Dis, monsieur, comment tu t'appelles?"

"Je m'appelle Knut. Et la dame que tu vois s'appelle Livi."

"Hé, mais c'est mon prénom. Elle a volé mon prénom, papy. C'est une voleuse, elle aussi."

"Mais non, ma chérie. Je n'ai pas volé ton prénom. On partage tout simplement le même. Tu veux bien partager ton prénom avec moi?"

"D'accord. Mais seulement si tu es gentille."

Tout le monde éclata de rire. Décidément, elle avait du répondant la petite.
Le vieux monsieur attrapa la jeune Livi pour la faire descendre de mes épaules. Mais celle-ci s'agrippa à mes cheveux. Cela donnait un spectacle du moins comique. Et l'elfe ne manqua pas d'éclater de rire.

Il était temps de se dire au revoir. La petite fille vint nous embrasser et nous baiser la joue. Le monsieur serra la main de Livi, puis la mienne. Mais à peine serrée, ses mains s'agrippèrent aux miennes. Il ferma les yeux quelques instants, comme en état de transe.

"Je peux sentir une flûte. Oui, une flûte en bois de mélèze. Elle souffre terriblement. Que s'est-il passé? Elle agonise. Elle va bientôt s'éteindre."

Livi et moi nous regardèrent mutuellement, surpris.

"Oui... Ma flûte vient d'être brisée. Et je cherchais quelqu'un qui pourrait la soigner."

"Suivez-moi."

Knut et Lay échangèrent un sourire. Ils emboîtèrent le pas du vieil homme. L'elfe joueur d'échecs avait enfin trouvé ce qu'il cherchait depuis ce matin. Lay attrapa son collier et le remit. La pierre était plus en sécurité à son cou et elle était décidée que dès qu'il y aurait de l'eau elle laverait la bague de quartz. La petite fille la regarda mettre sa curieuse pierre. Les deux Livi marchèrent côte à côte en parlant et en rigolant. La plus petite sautillait à moitié sur le chemin ravie d’échanger avec son homonyme elfe et beaucoup plus âgée. Knut marchait aux côtés de l'artisan flûtiste, de leur conversation on pouvait entendre des noms de flûtes, de bois, et d'autres matériaux. La petite Livi tira sur la salopette de la plus grande. Elle lui tendit les bras. Sans se faire prier, la grande Livi la prit sur son dos. La petite fille se mit à lui raconter plein d'histoires sorties de son imaginaire espiègle et dégourdie. L'épisode des voleurs n’avait pas été ressassé, et cela avait peu d'importance. Le vieil homme était concentré sur le cas Knut. Ils avaient de vif échangent montrant l'un et l'autre une passion pour le même instrument. A un moment ils eurent l'impression de sortir de leur bulle et ralentirent, observant les deux Livi. Elles s'entendaient à merveille. Knut sourit en voyant le visage décontracté, franchement souriant et joyeux de la Boss de Dordonellion. Il l'avait rarement vu comme ça, bien qu'il la connaissait depuis peu à présent.
Après avoir franchis plusieurs rues, et être partis plus vers l'extérieur de la ville, ils arrivèrent à l'atelier-boutique du vieil homme qui jouxtait sa demeure. Livi elfe laissa glisser à terre la petite Livi. Ils entrèrent dans l'échoppe. La petite Livi, guida comme une professionnelle la grande Livi parmi les étagères. Il y avait des flûtes en tout genre, de tous types, de toutes tailles. Pendant ce temps, Knut et le vieil homme s'étaient accoudés au comptoir. Ils s'entretenaient sur la flûte de l'elfe qui l'avait sortie posant la boite entre eux. Son visage était décomposé, sa flûte, sa précieuse compagne agonisait, à cause de cette fée. L'artisan observa les morceaux attentivement. Il analysait les dégâts et sondaient les pièces de l'instrument.
Lay avait fini de faire le tour. La petite lui avait joué un morceau de flûte simple et lui avait proposé de jouer. Elle refusa poliment la proposition de l'enfant. Elle jouait d'un instrument mais pas de la flûte. D'ailleurs cela faisait un long moment qu'elle n'y avait pas touché. Elles échangèrent sur les instruments et leur dextérité. Elles revenaient toutes deux vers le comptoir et les deux hommes.

"Jeune homme... il vous faudra du temps pour la réparer et surtout pour la consolider et réparer les blessures de son âme..."

"Vous pensez que ça prendra combien de temps?"

Le vieux observa longuement la flûte en silence. Lay et Livi s'étaient approchées.

"Plus d'un mois."

L'elfe se tourna vers son binôme du moment. Il avait un air contrit et hésitant, désolé, confus. Devant cet arc-en-ciel de sentiments partagés, Livi lui sourit.

"Ne t'en fais pas, tu prendras le temps qu'il faudra."

"Oui mais, je dois t'accompagner dans la quête de ta sœur et nous ne pouvons attendre. Combien de temps pensez vous qu'elle puisse encore tenir?"

Le vieillard fit une mou dubitative.

"Une semaine grand maximum, ensuite votre instrument n'aura plus d'âme."

Knut hôcha la tête.

"Nous avons une semaine pour la retrouver."

"Cela prendra moins de temps que tu ne le penses."

Laythila était confiante. Knut écouta bien les conseils du vieux pour pouvoir bien conserver sa flûte jusque dans une semaine. Tous les deux prirent congés du grand père et de la petite fille. Aujourd'hui, les rencontres qu'ils avaient fait, c'était enrichissant. Ils rentrèrent en centre ville. En chemin ils trouvèrent une fontaine. La Boss de Dordonellion limite superstitieuse ouvrit l'eau et mit la bague de quartz blanc en dessous, elle la frotta. Ensuite ils reprirent leur chemin.
Ils arrivèrent à l'hôtel, l'heure du déjeuner était passé largement et l'après midi était bien entamé. Ils regagnèrent leur suite sous les yeux ébahis des autres clients. Il voyait Livi passer, et elle était loin du classique de son arrivée. Elle n'était pas dans le protocole. La chef mafieuse n'avait que faire des regards outrés qui se posaient sur elle, elle prit l’ascenseur pressé, avec Knut sur ses talons. Elle voulait juste qu'aucun paparazzi ne les suit.
Arrivés à leur suite, Lay se débarrassa de sa ceinture. Elle tira les rideaux du salon de sorte que la lumière du jour entre. Elle posa par terre la bague de quartz qui se rechargeait au soleil. Knut s'assit et semblait vouloir commander quelque chose auprès du room service; il s'était mit à détailler avec envie la carte des propositions. Il proposa à Lay de lui prendre quelque chose. Tout en se déchaussant et en allant vers sa chambre, l'elfette déclina son offre. Un peu têtu il nota un plat léger qu'il lui commanderait.
Livi s'enferma donc dans sa chambre. Les rideaux étaient tirés, il faisait noir. Elle s'allongea sur le lit et ferma les yeux. Elle se concentra sur la pierre qu'elle portait à son cou. Celle-ci devint irradiante. Elle mit ses mains autour et prononça quelques mots. Une lumière verte envahit la pièce et une carte d'Alythra se mit à se réfléchir sur les murs de la chambre autour d'elle. L'elfe s'assit sur le lit et elle observa autour d'elle. Sur le planisphère un point marquait Mû. Elle se leva comme pour aller le toucher et tomba à genou. Elle tenta de se rattraper à la commode à côté et brisa sans faire exprès un vase. Au bruit, Knut rappliqua illico. Il courut vers elle.

"Ca va? La... Livi?!"

"Oui, oui, ne t'en fais pas... juste un petit moment de faiblesse."

"Tu devrais te ménager un peu."

"Non, c'est cette pierre, lorsque je l'active, elle puise mon énergie, c'est incroyable..."

Knut regarda autour de lui. Il soutenait Lay. Ils s'avancèrent vers le point représentant Mû. La boss de Dodronellion se concentra plus. Le point grossit et une car te de Mû apparut. Le point montrait l'extrémité est du camp d'entraînement de la base militaire de Mû. Lay ouvrit les yeux, et regarda Knut en souriant. Ils savaient où Undomiel se trouvait. Il était temps de partir pour Mû. La carte disparue totalement. La lumière du jade disparut, et Lay reprenait mieux appui sur ses jambes. Knut l'emmena au salon et l'aida à s'asseoir dans le fauteuil. Il lui tendit un bol de salade de fruit. Elle ne le refusa pas.

"Nous partons dans Mû dans une heure le temps que je passe des coups de fils à tout le monde."

Tout en savourant ses fruits frais, et en souriant elle contactait Khaïl en lui disant pour Undo. Elle aurait besoin de lui sur le terrain. Elle rassurait Aran et Explo de la situation. Elle appela pour que son bateau s'apprête à larguer les amarres quand elle arriverait et commanda sa voiture pour aller au port embarquer avec Knut. Elle partit récupérer le quartz blanc et le passa à son doigt.

*flush
Je sortis des toilettes.
Lay me regarda d'un air des plus étranges, puis se cacha derrière un sourire de façade. Quelque chose venait de se produire mais elle ne semblait pas disposer à m'en faire part. Je devais respecter son choix.

"Quand partons-nous?"

"Maintenant, si tu es prêt. Le bateau n'attend plus que nous pour lever l'ancre."

D'un signe d'approbation, elle se leva d'un coup et nous voilà dans les couloirs de l'hôtel. (Il faut dire qu'on voyage très léger.)
Nous hélâmes un taxi, direction le port. Le chauffeur était très aimable et plein d'humour, du moins spécial. Il faillit renverser une classe de maternelle qui traversait la route, rien que pour nous prouver qu'il pouvait conduire sans avoir besoin de frein. Puis il commençait à prendre des chemins assez malfamés en guise de raccourci.
Heureusement, nous étions arrivé à bon port au bout d'une de route. Alors qu'il nous aurait suffit de trente minutes à pieds...

Après ce léger détour, nous mettions enfin pied à terre au port. Un paquebot luxueux nous y attendait. Le capitaine, un homme atteignant la trentaine, la peau bronzée, nous attendait sur le pont supérieur. Il portait la tenue habituelle des marins, avec un chapeau digne d'un capitaine.

"Bienvenue sur mon humble bateau. On m'a chargé de vous conduire jusqu'à vos appartements et de vous appareiller jusqu'à Mu. J'espère que le voyage vous sera agréable."

Sur ces paroles, il nous invita à monter à bord.

"Monsieur! Ne partez pas! Monsieur!"

C'était le vieux monsieur flûtiste de tout à l'heure. Il était tout essoufflé.

"Dieu merci...*haaa *haaa ...vous n'êtes pas encore partis. Je suis passer... *haaa ...à votre hôtel et on m'a dit que vous a... *haaa ...aviez pris le chemin du port. J'ai couru aussi vite que mes vieux mollets me l'ont permis."

"Que se passe-t-il? Vous m'aviez dit qu'il me restait encore dix jours."

"Ce n'est pas ça. J'avais complètement oublié la fête bissextile. Toutes les années bissextiles, on interdit l'accès aux forêts de Citadinel pendant deux mois, afin de perpétuer la communion entre les humanoïdes et la nature. Et dans deux jour, débutera cette fête. Vous devez absolument rejoindre la stèle de Nämur avant qu'on ferme toutes les accès. Ralala, vieillir ne rapporte rien de bon..."

Me voici pris dans dilemme de tous les diables. D'un côté, sauver Undo, la sœur de Lay. De l'autre, sauver ma flûte.
Je regardai dans tous les sens, sur tous les visages à la recherche d'une réponse. Il me fallait de l'aide.

"Vas-y, Knut. Fait ce que tu as à faire: sauve ta flûte."

"Mais, et pour Undo?"

"Je me débrouillerai. Ne t'en fais pas. En plus, j'aurai l'aide de de ton supérieur. Va, ne t'en fait pas pour moi."

Encore hésitant, Lay vint me prendre dans ses bras.
"Merci", lui chuchotai-je à l'oreille.

Elle sortit un mouchoir d'un blanc pure et me la tendit. Elle m'offrait ce mouchoir en guise de cadeau, mais aussi de totem. Chaque fois que je le verrai, cela me redonnerait du courage, me remonterait le moral et me ferait penser à elle.

"Je te promet de revenir dans deux mois avec ma flûte, et encore plus fort!"

"J'y compte bien! Bon courage!"

"Bon courage à toi aussi. Que le vent porte tes pas vers ce que tu cherches!"

Ces dernières paroles nous firent rire tous les deux. Puis Lay entra dans le bateau. Je la suivis du regard.

Le pont qui servait de liaison entre la terre et le paquebot était désormais rangé. Le bruit des machines retentit. La sifflet fut soufflé. Et le bateau se mis en marche.

Je restai sur le quai jusqu'à ce que le bateau fut avalé par l'horizon.
Il ne restait plus que le vieil homme et moi.

Nous marchâmes vers la sortie

Lay Mu, Mont-Creux

Knut Citadinel, Nimanur, Stèle de Nämur